Pascale Otis : Damoiselle missionnaire
Frileuse de nature, Pascale Otis étudie pourtant depuis sept ans l’adaptation fascinante des oiseaux migrateurs au froid polaire! À bord du Sedna IV pour un long hivernage antarctique, la jeune biologiste espère, au-delà de l’aventure scientifique, inciter un plus grand nombre de gens à agir quotidiennement pour la planète…
Camp de base : Aucune résidence fixe. Je suis en continuel mouvement!
Âge : 28 ans.
Avant Passe-partout : Je me souviens des parties de pêche avec mon grand-père et de l’élevage de mes nombreux animaux… Je rêvais de tous les étudier, sauf les oiseaux que je trouvais ennuyants!
Bagage : Baccalauréat et maîtrise en biologie, spécialisation en physiologie animale à l’Université Laval à Québec.
Marche d’approche : J’ai commencé à étudier l’adaptation au froid chez les oiseaux en 1999, et j’ai découvert les protéines « antigels » par hasard en 2002, en mesurant la température superficielle des pattes de grandes oies des neiges. Alors que le thermomètre affichait parfois jusqu’à -7°C, les tissus n’étaient pas gelés...
Drôles d’oiseaux : Ce type de protéine, aussi observé depuis chez les manchots, empêche la formation des cristaux de glace dans un liquide sous son point de congélation, le protégeant du gel. Ces espèces peuvent se promener « nues pattes » à -40°C, alors que je dois enfiler mes bottes isolées pour aller les étudier!
Point d’ancrage : Mes travaux se poursuivent à l’Unité de recherche sur les oiseaux migrateurs, un centre[1] que j’ai mis sur pied à L’Annonciation dans les Hautes-Laurentides pour étudier les espèces de l’Arctique.
Apprenti-sage : Il est important pour moi de combiner mes travaux avec un volet éducatif auprès du grand public, afin de rendre l’information accessible. À bord du Sedna, je participe au travail du site Internet de Mission Antarctique et j’interviens auprès de groupes scolaires. J’ai aussi communiqué tout l’été avec les visiteurs du Biodôme, à raison de six interventions chaque jour. L’objectif est de sensibiliser les gens à l’importance de la protection de l’environnement.
Plein air 2050 : La propriété « antigel » de la protéine présente chez plusieurs espèces pourrait servir à de nombreuses applications dans le domaine du plein air. Il ne manque que l’argent pour compléter les recherches et développer des produits!
Visions antarctiques : J’aime aller me promener dans la baie où nous sommes amarrés pour observer les paysages, changeant à chaque jour. Modelé par la patience du temps, du vent et du froid, l’Antarctiquecache une beauté qui est difficile à mettre en mots. Les photos et les films ne rendent jamais justice à toute l’émotion que l’on ressent lorsqu’on est ici.
Climat à chaud et à froid : L’humain représente une partie du problème, mais fait aussi partie de la solution. Il reste cependant beaucoup à faire pour améliorer la conscientisation!Le recyclage, l’économie d’eau et d’énergie, l’utilisation de produits biodégradables : c’est si simple! L’avenir de notre belle planète dépend de chaque petit geste. Il n’y a pas de plus beau cadeau à offrir à nos enfants...
Auto-critique : Je suis passionnée et très impatiente.
Tendance mystique : Je parle aux animaux!
Mon nirvana à moi : En pleine nature, rencontrer un animal sauvage qui accepte ma présence.
Un auteur culte : Konrad Lorenz[2], médecin biologiste autrichien dont les livres sont des réflexions inspirantes sur la place et l’importance à accorder aux animaux.
Un son doux à mes oreilles : Celui demes oies quand elles dorment dans l’herbe près de moi. (ndlr : Pascale a recueilli des œufs d’oies des neiges sur l’île Bylot au Nunavut, dont les six spécimens, une fois éclos au centre de Montmagny, la suivaient partout!)
Jamais sans… : ma couverture!
Définition d’une bonne bouffe : Qu’elle se dérouleen bonne compagnie avec du chocolat au dessert.
Invitation au voyage : Le tour du monde en voilier.
Boule de cristal : Dans 20 ans, je m’imagine comme présentement en train de réaliser mes rêves.
Proverbe de vie : L’important, c’est d’être heureux.
Pour rejoindre Pascale à bord du Sedna IV en direct du continent Antarctique : www.missionantarctique.ca (onglet Bouteille à la mer)
[1]Au centre-ville de L’Annonciation un espace de l’unité de recherche est ouvert au public. L’Unité de recherche sur les oiseaux migrateurs de Montmagny (Bas‑Saint‑Laurent) est aussi ouverte au public pendant la saison estivale!
[2] Médecin biologiste autrichien, il reçut en 1973 le prix Nobel de médecine pour ses travaux sur le comportement animal, créant ainsi une nouvelle discipline : l’éthologie ou science des comportements.