Mylène Paquette : Jouer dehors pour se sentir mieux en dedans
La saison froide débute tranquillement, les journées ensoleillées se font rares et les jours sont de plus en plus courts.
Comment faire pour contrer la dépression saisonnière qui s’installe sournoisement?
Si certains croient que le meilleur remède prend la forme d’un médicament, d’autres vous diront que toutes les hormones nécessaires au maintien d’une bonne humeur sont accessibles à quiconque souhaite s’en servir.
L’automne, notre apport en sérotonine se raréfie à mesure que diminue notre exposition au soleil. Et comme la sécrétion de cette fameuse hormone est facilitée par l’activité physique, voilà une raison de plus pour sortir s’agiter.
La sérotonine, dont le déficit est souvent impliqué dans la dépression, est un régulateur de l’humeur associé à l’état de bien-être. Si certains médicaments antidépresseurs ont pour effet d’augmenter le niveau de sérotonine dans le cerveau, l’exercice physique aurait le même effet sur l’organisme. En plus de nous faire sentir positifs et sereins, la sécrétion de cette hormone augmenterait aussi lorsque nous nous sentons appréciés et lorsque notre estime personnelle est bonne.
Comme la sérotonine, l’endorphine est aussi sécrétée lors de l’activité physique. Sans surprise, l’hormone la plus connue des sportifs évoque une forte sensation de bien-être ressentie tout de suite après l’exercice. Après la pratique d’activités soutenues, les effets de l’endorphine provoquent un sentiment de béatitude, voire d’exaltation. Certains en parlent même comme d’une drogue! Cette hormone aurait pour effet de réduire l’anxiété, et la douleur aussi.
La dopamine, quant à elle, est sécrétée lorsqu’on vit des situations que l’on ressent comme positives, agréables et plaisantes. Celle-ci engendre un sentiment de satisfaction immédiat, qui devient un encouragement à repasser à l’action et à recréer la même situation, pour provoquer encore une fois cette sensation. Grâce à la dopamine, nous avons envie de reproduire une expérience, de nous remettre à l’épreuve et de relever à nouveau un défi.
Si on suit la logique de ce que les hormones nous enseignent, l’activité physique, le fait de relever des défis, l’exposition à la lumière naturelle et, donc, le fait de pratiquer une activité de plein air semblent être des recettes gagnantes pour contrer la dépression saisonnière.
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Certains ont bien compris ces mécanismes et tout le potentiel que recèle le plein air. Leur offre : des programmes d’intervention en contexte de nature et d’aventure pour contrecarrer les maladies mentales, la dépression et l’anxiété.
Depuis quelques années, Face aux vents et Sur la pointe des pieds proposent ainsi des thérapies d’aventure. Le premier organisme utilise les expéditions comme outil thérapeutique pour de jeunes adultes souffrant de problèmes de santé mentale afin de les aider à prendre du mieux. Le second propose à d’anciens patients atteints d’un cancer des services d’intervention dans le cadre d’aventures thérapeutiques exceptionnelles afin de leur permettre de retrouver leur bien-être en relevant le défi d’une expédition.
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La nature est un laboratoire extraordinaire pour sortir de sa zone de confort, redéfinir qui on est pour soi-même et gagner de la confiance en soi. La côtoyer nous contraint à trouver d’autres repères et à adopter une nouvelle attitude face aux difficultés.
En expédition de groupe, l’ouverture vers l’autre et la nécessité de coopérer nous obligent à mettre de côté nos pensées limitatives et forcent l’expression de soi et la communication. Se retrouver dans un tout autre contexte oblige à faire certains efforts qui ne sont pas exigés dans une situation de vie normale.
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Comme le disait Platon, « la nécessité est mère de l’invention ». Et dans la nature, on n’a pas le choix d’essayer de trouver des solutions, d’improviser, d’inventer des approches et de tenter de s’en sortir. Le plein air nous permet ainsi de découvrir notre pouvoir d’adaptation, et la simplicité qui accompagne son contact nous force à reconnaître nos besoins réels. Toute cette expérience incite à regagner peu à peu en confiance et à reproduire ces stratégies, de retour à la vie normale.
En plus de nous inciter à gérer les pensées toxiques, la nature nous astreint à vivre le moment présent. L’anxiété qu’on pourrait normalement ressentir au quotidien prend une pause. Le fait de relever un défi nous place d’un côté face à une incertitude et, de l’autre, face au désir de réussir. Se lancer un défi physique nous permet de jongler avec une certaine adversité, voire une sorte d’anxiété positive.
Cela dit, pas besoin d’aller bien loin pour ressentir les effets bénéfiques du contact avec la nature ou des hormones ni pour vivre une aventure extrême dans l’intention de découvrir des aspects inédits de sa personnalité et relever un défi.
Il suffit de reconnaître le potentiel de l’aventure, petite ou grande, celle qui nous invite à vivre quelque chose de différent, même au quotidien, et ce, en sortant dehors plus souvent pour célébrer la saison froide qui commence!