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  • Crédit: Julie Ayotte

Tendances voyages

L'offre de tourisme d'aventure est de plus en plus débridée et de moins en moins frileuse.

 

Les produits touristiques qui sortent des sentiers battus ne datent pas d'hier et avant de graduer au statut de « tendances » confirmées, ils ont quelques pas à franchir. S'offrir les 1 700 km de la Great Himalayan Trail découpés en sept temps (pour un total de 157 jours) n'est pas une tendance. Pas plus que de se rendre à CapeTown — ou au mont Mégantic — pour profiter du peu de pollution lumineuse et y observer les étoiles. « Les tendances touristiques sont toujours à prendre avec un grain de sel. Par exemple, le tourisme astronomique se développe en Afrique du Sud, mais ce n’est pas un intérêt partagé par un grand nombre. Il y a plein de petites niches qui émergent, mais elles ne durent pas toutes », souligne Chantal Neault, analyste pour le Réseau de veille en tourisme de l’UQAM. Mais une chose est sûre : la diversification est désormais une tendance.

Comment voyager autrement
On peut identifier certains courants porteurs en termes thématiques et quantitatifs : « Depuis quelques années, les gens recherchent une façon différente de voyager. Ils veulent moins s'éparpiller en distance pour mieux s’imprégner de la culture locale. Ils veulent voir les petites choses de la vie, découvrir la gastronomie et être en contact avec la population », explique Claude Péloquin, analyste en chef au Réseau de veille en tourisme de l’UQAM.

Crédit: Véloroute des BleuetsDeux approches de voyage se démarquent actuellement. D'une part, le slow travel préconise un rythme plus bohémien, avec des moyens de transport plus lents pour savourer l'expérience :croisière en péniche sur la Loire, l’Irlande en caravane tirée par un cheval, le Maroc à dos de chameau, les États-Unis en train et même le Québec à vélo. Au Lac-Saint-Jean, la Véloroute des Bleuets a vu son achalandage passer de 146 000 cyclistes en 2001 à plus de 250 000 en 2010. La clientèle, particulièrement familiale, apprécie la possibilité de s'arrêter dans un petit café ou encore de flâner et observer ce que trament les gens du coin. « Et faire du vélo n'engage pas de grosses dépenses, ce qui rend le produit accessible à un large public », soutient le directeur général de la Véloroute, David Lecointre.

D'autre part, l’intérêt est toujours croissant pour le « volontourisme » et ces destinations où le voyageur participe localement et sent qu'il laisse derrière lui une trace positive. La coordonnatrice et copropriétaire d'Horizon Cosmopolite, Marie-Pierre Fortin, offre des services d'encadrement à ces bénévoles globe-trotters, beaucoup moins marginaux qu'auparavant : « Les clients individuels augmentent, mais c’est surtout la clientèle de groupe qui a connu un gros boom au cours des deux dernières années. » Des groupes scolaires aux jeunes en réinsertion, en passant par des infirmières auxiliaires qui partent dans des pays en voie de développement pour prêter main-forte en échange d'une immersion linguistique et du sentiment d'être utile.

Selon Claude Péloquin, ces deux tendances sortent du moule du tourisme de masse, mais possèdent une certaine influence sur l'industrie globale. « L’offre touristique s’adapte doucement [à cette nouvelle donne], mais ce sont les petits voyagistes qui sont en meilleure position pour livrer ce type de produit ciblé et spécialisé. »

Plus proche du tourisme grand public, la popularité du voyage multigénérationnel est remarquée : « Cette tendance suit la courbe démographique. Les gens âgés sont aujourd’hui plus en forme qu’avant, ils ont du temps et de l’argent, alors ils souhaitent en profiter avec leurs enfants et leurs petits-enfants », commente Chantal Neault. Au menu : visites à pied, chasses au trésor « géocaches » ou repas autour d'une grande table!

Crédit: Caroline MongrainCôté destinations, les voyages aux pôles ont encore la cote en 2011, mais la clientèle change. « Nous avons beaucoup plus de demandes de jeunes professionnels et ils ne veulent pas seulement des voyages contemplatifs. Ils veulent être actifs et faire des excursions », explique Caroline Mongrain, responsable du marketing chez Expéditions Monde. En Antarctique, où les activités sont contrôlées pour minimiser les impacts dans un environnement fragile, Expéditions Monde « offre de plus en plus de sorties en kayak, des randonnées, de l’alpinisme, de la plongée et du camping… sans nourriture. Il est interdit d’amener de la bouffe sur le continent, alors on mange à bord du bateau avant de partir. » L’Antarctique a ainsi vu son nombre de touristes passer de 6 000 en 1992, à plus de 36 000 personnes en 2010.

L’Arctique n’est pas en reste et les visites ont bondi de 500 000 en 1993 à 1,5 million en 2008, selon l'ONU.Plusieurs personnes veulent notamment voir les pôles avant qu’ils n’aient fondu... Changements climatiques obligent, il faut se dépêcher avant que disparaissent plusieurs petits bijoux de la planète. Les glaciers du Kilimandjaro, les îles paradisiaques au niveau de la mer et les ours polaires sont tous menacés… et une offre s’est conséquemment développée pour permettre ces visites de la dernière chance.

Pour ceux qui carburent aux sensations fortes et n'ont pas d'objection à financer grassement leur assureur, il existe des voyagistes sans peur qui les emmèneront dans les zones « chaudes » de la planète géopolitique : Irak, Afghanistan, Somalie, Corée du Nord, Sud-Soudan. Par exemple, 45 jours au cœur de « l’Axe du mal » — dixit Georges Bush — (Iran, Irak et Afghanistan) coûtent environ 35 000 $ CAN… avant les frais d'assurances!

Un peu moins dangereux, mais encore en opposition à l'hédonisme, les voyages de privation de confort et de mise en forme extrême (boot camps) sont très populaires aux États-Unis. « Ce sont souvent des gens d’affaires, qui recherchent l’accomplissement et souhaitent une transformation physique et mentale », explique Chantal Neault. Avec 10 heures et plus d’exercice par jour, ces séjours (à 5 000 $ la semaine) peuvent inclure de longues randonnées en montagne. Paradoxalement, ce sont les spas haut de gamme, pourtant portés sur le bien-être, qui ont lancé cette vogue légèrement masochiste.

Mais la tendance est sans contredit l'avènement des outils électroniques d'aide au voyage. « Tant pour les promoteurs de destinations que les fournisseurs de services et autres intermédiaires, la technologie mobile aura des répercussions majeures sur la façon de vendre et de commercialiser le voyage », notait déjà Claude Péloquin en 2009.Par exemple, la géolocalisation a permis à la Véloroute des Bleuets de donner des services encore plus spécialisés, en lançant son GPS/Cycloguide à l’été 2010. Téléchargée sur l'appareil du visiteur (ou loué) qui est placé sur le guidon du vélo, l'application donne un coup de klaxon-poire lorsque l’on s’approche à proximité des attractions touristiques, des restos ou des microbrasseries. Avec la prolifération des sites Internet, des réseaux sociaux et des applications pour téléphones intelligents, il sera de plus en plus facile de trouver rapidement le produit qui vous convient.

Encore plus
Slow travel : slowtrav.com
Volontourisme : horizoncosmopolite.com

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