Femmes au sommet
Six femmes, athlètes chevronnées ou simples mordues. Six parcours de vie uniques, mais avec un dénominateur commun : faire d’une passion pour un sport le centre d’une vie. Portraits.
Nathalie Fortin
Alpinisme
© Éric Paquet
L'alpinisme est historiquement considéré comme un sport masculin. Or, des femmes s'illustrent de plus en plus sur les pentes des géants montagneux: plusieurs Québécoises ont, par exemple, atteint le sommet de l'Everest. C'est le cas de Nathalie Fortin, qui a réalisé l'exploit en 2012, alors que les médecins la condamnaient à l'immobilité en raison de graves problèmes de dos.
Depuis, cette Ingénieure au gouvernement fédéral grimpe toujours, en escalade de glace et de roche. Elle offre de nombreuses cliniques pour les femmes dans les festivals, notamment lors de Grimpe en ville, à Rivière-du-Loup.
Nathalie Fortin sur les pentes de l'Everest © courtoisie Nathalie Fortin
Après l'ascension du Denali (Alaska, 6 194 m) en 2013 et de l'Elbrouz (Russie, 5 642 m) en 2014, entre autres sommets, elle veut retourner en montagne en 2018 pour s'attaquer à un ogre: le K2 et ses 8 611 mètres.
Flanquée de ses trois compagnons de cordée, Benoît Lamoureux, Serge Dessureault et Maurice Beauséjour, Nathalie est consciente qu'un défi de taille l'attend. L'ascension du K2 est considérée comme l'une des plus difficiles et compte parmi les plus dangereuses au monde.
Mais s'ils réussissent, ils deviendront les premiers Québécois (et la première Canadienne) à atteindre le sommet de ce géant, deuxième plus haut sommet du globe.
Pour la suivre : instagram.com/nathmontagne
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Jessica Bélisle
Vélo
© Céline Viens
Jessica Bélisle est l'une des meilleures (sinon la meilleure) cyclistes longue distance du Québec. Fidèle à son ancien surnom, la " Cyclovore ", elle a vécu une année 2017 sur les chapeaux de roues. En mars, cette Trifluvienne de 28 ans a battu plusieurs records de distance sur son vélo stationnaire en pédalant 1 905 km en 62 heures et 3 109 km en 128 heures.
Après avoir traversé plusieurs fois le Canada à vélo, elle a exploré le Québec en mai, en pédalant 3 000 kilomètres en 10 jours dans 17 régions de la province. Une épreuve " énorme " pour elle, plusieurs chutes à vélo durant l'année lui ayant causé une série de commotions cérébrales.
© Jessica Bélisle
Trois mois de réadaptation et de repos plus tard, Jessica a de nouveau enfourché son vélo, en France cette fois, pour participer à l'Ultra Revival Tour, une réédition du premier Tour de France, en 1903, et rouler 2 400 km en 6 jours.
L'année 2018 s'annonce également pleine de défis pour Jessica. D'abord sur le plan sportif, avec la participation à deux Ironman au Québec, à Lac-Mégantic en juillet, puis à Tremblant en août; ensuite dans sa vie professionnelle, alors qu'elle vient de commencer à enseigner au cégep de Sorel-Tracy, tout en étant suppléante au secondaire et étudiante à l'Université du Québec à Trois-Rivières.
Pour la suivre : lacyclovore.wixsite.com/lacyclovore ou facebook.com/jessicabelisleathlete
Josianne Pelosse
Kitesurf
© Samuel L-Fortier
Josianne Pelosse a eu un coup de foudre. Ou plutôt un coup de vent. Pas avec une personne, mais avec un sport : le kitesurf. C'était en juillet 2014, au lac des Deux Montagnes. Un cours de 3 heures qui a eu sur elle l'effet d'un raz de marée.
Depuis, sa vie a complètement changé. Elle a quitté son emploi de conseillère aux ventes et aux partenariats corporatifs pour Les Alouettes de Montréal et pris une année sabbatique. Elle a ensuite voyagé à Cuba, à Cap Hatteras, à La Barbade et au Belize pour y faire de la plongée, et dans l'Ouest canadien pour pratiquer la planche à neige. Elle a aussi suivi des cours aux Îles-de-la-Madeleine pour devenir instructrice de kite.
À la fin de son année sabbatique, en novembre 2017, cette jeune trentenaire originaire de Saint-Eustache a décidé de s'établir à Québec pour pouvoir pratiquer son sport dans sa cour arrière, notamment dans la baie de Beauport.
© Samuel L-Fortier
Plus qu'un mode de vie, le kitesurf est devenu son quotidien. Toutes ses vacances sont planifiées en fonction de ce sport. Le voyage est devenu une obsession, un besoin pour trouver de nouveaux lieux de pratique.
Le vent est devenu son ami intime et sa vie est aussi imprévisible que lui. Son employeur, le Centre Vidéotron, est prévenu: par jour de grand vent, ce n'est pas au bureau qu'elle se trouvera, mais bien sur sa planche de kite, dans la baie… ou à l'Île Maurice, comme en janvier dernier, pour cause de cyclone en approche!
Pour la suivre : instagram.com/josianne.pelosse
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Annie Chouinard
Escalade
© G. Laliberté
Annie Chouinard a découvert l'escalade sur le tard. Avant d'être une grimpeuse de haut niveau, c'est dans les sports équestres qu'elle s'est distinguée. L'équitation, plus particulièrement le dressage, a meublé son quotidien pendant 11 ans, alors qu'elle s'entraînait et participait à des compétitions nationales et internationales. Mais en 2007, une blessure grave l'oblige à quitter le monde équestre.
Elle se tourne alors vers l'univers de la montagne, se sentant attirée par les hauts sommets. Elle commence par de simples randonnées dans les montagnes blanches du New Hampshire, puis fait l'ascension de sommets en Amérique du Sud, en Inde et au Népal. Pour être en mesure d'atteindre des sommets plus élevés, elle commence à apprendre les techniques d'escalade.
La greffe a bien pris. En 2015, c'est le début d'une deuxième carrière sportive, après seulement trois ans de pratique! Elle remporte la Coupe Québec, devient championne provinciale, puis finit en troisième place aux championnats canadiens, en Colombie-Britannique. En 2016, elle prend part à quelques épreuves de la Coupe du monde puis à ses premiers championnats du monde, à Paris.
© Kappa Photography
En marge des compétitions et de son travail au laboratoire de pathologie de l'hôpital de Verdun, elle voyage dans de nombreux pays et régions (Espagne, Maroc, Chine, Norvège, Utah…) et grimpe des parois de plus en plus difficiles et techniques. Fin 2017, elle complète Come on, une voie en 5,14a à Orford, devenant la septième Canadienne à grimper ce niveau.
Bien qu'elle ait récemment quitté le monde de la compétition internationale, Annie reste passionnée par l'escalade de roche et veut continuer sa quête de lignes toujours plus difficiles, sur les parois du Québec et d'ailleurs.
Pour la suivre : anniechouinard-climbing.com
Camille Chai
Multiactivités
© Chantale Lecours
Camille Chai est une amoureuse du sport. De tous les sports. À 28 ans, elle en a déjà essayé un grand nombre : kayak, randonnée et raquette en hiver, patin à glace, badminton, vélo, triathlon, natation… Plus jeune, elle était membre du club de ski alpin de son école secondaire. Mais pas tout à fait comme n'importe quelle autre personne active.
Atteinte d'une malformation congénitale, Camille est née sans bras ni jambe gauche. Mais pour elle, ce handicap physique n'est en rien un frein ou une limite: c'est plutôt une force, une motivation qui la pousse à expérimenter sans cesse de nouveaux sports, à relever de nouveaux défis, à repousser de nouvelles limites.
Ses envies du moment? S'initier au canot à glace avec Mylène Paquette. Partir en voyage dans des contrées plus chaudes pour tester la plongée sous-marine au-dessus d'une barrière de corail.
© Chantale Lecours
Curieuse de tout, elle sait aussi s'investir intensément dans la pratique d'un sport. Depuis deux ans, elle est membre de l'équipe canadienne d'escrime paralympique et elle s'entraîne en moyenne 10 heures par semaine à l'Institut national du sport du Québec (INS). Son objectif : participer aux Jeux paralympiques de 2020, à Tokyo. Un rêve qui l'anime depuis qu'elle est toute petite.
Et comme si ses semaines n'étaient pas assez chargées, Camille, titulaire d'un diplôme de thérapeute du Centre de relation d'aide de Montréal, donne aussi des conférences de motivation dans lesquelles elle raconte ses expériences de vie pour " pousser les gens à adopter une attitude forte et positive ".
On dit qu'à cœur vaillant, rien d'impossible; celui de Camille Chai l'est manifestement!
Pour la suivre : instagram.com/camille_chai
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Audrey Hébert
Planche à neige
© Freeride World Tour, J. Bernard
Québec et freeride ne vont pas forcément de pair. Il est en effet difficile de trouver, dans la Belle Province, un terrain de jeu propice à ce sport extrême.
La planchiste Audrey Hébert, originaire de Shawinigan, a pourtant réussi le pari de percer dans cette discipline en participant depuis deux ans au Freeride World Tour (FWT), sorte de championnat du monde en plusieurs étapes, un peu partout sur la planète.
Sur des skis à 2 ans puis sur une planche à neige à 8 ans, chaque fois à Val-Mauricie, elle dévale maintenant des pentes vierges et abruptes au Japon, en Autriche, en Andorre ou encore en Alaska.
Audrey dit pourtant être arrivée dans le monde de la compétition par hasard. En 2006, à 18 ans, elle débarque à Whistler pour quatre mois afin d'apprendre l'anglais - elle n'en repartira jamais. Mais elle n'a pas les moyens de payer les 1 200 $ que coûte l'abonnement annuel à la station de ski. Seule solution : faire des compétitions pour obtenir gratuitement le sésame, d'abord en boardercross (un parcours d'obstacles chronométré sur une piste) puis en freeride.
Les résultats sont concluants. Audrey gravit un à un les échelons pour finalement atteindre l'élite mondiale du FWT et monte deux fois sur le podium des épreuves de Fieberbrunn (Autriche) et de Verbier (Suisse). Tout récemment, elle a terminé deuxième à Andorre (Vallnord-Arcalis).
© Freeride World Tour, D. Daher
Après plusieurs années à vivre intensément une vie d'athlète semi-professionnelle, entre compétitions en hiver et emplois saisonniers le reste de l'année, Audrey reconnaît vivre, en 2018, une année sportive plus difficile. Elle se dit moins motivée par les défis et les exigences du haut niveau et moins portée par l'esprit de compétition.
Sans regret ni amertume, contente d'avoir pu profiter de ce qu'avait à offrir son sport, elle est maintenant impatiente d'entreprendre un nouveau chapitre de sa vie.
À 30 ans, elle voudrait se stabiliser, retourner aux études en administration des affaires et continuer à faire de la planche à neige. Un peu plus pour elle, et un peu moins pour les autres!
Pour la suivre : instagram.com/audreysnowclimb