Ekoï.com / Gaspésien : dans la cour des grands
Depuis le début de l’année, le Canada compte une deuxième équipe cycliste professionnelle reconnue par l’Union cycliste internationale (UCI). La formation québécoise Ékoï.com/Gaspésien a obtenu sa licence UCI Continentale (division 3) qui lui permet de participer aux meilleures courses nord-américaines.
Un petit nouveau dans le paysage du cyclisme nord-américain? Pas si sûr. Si le nom est nouveau, la structure ne sort pas du néant. Dirigée par Stéphane Tremblay et Juan Marco, la formation existe depuis 17 ans : « Ça a démarré comme une petite équipe provinciale entre amis, dit Stéphane Tremblay. Le défi d’en faire une véritable équipe professionnelle ne s’est posé qu’il y a seulement quatre ans. Obtenir cette licence démontre notre niveau de sérieux et de professionnalisme. Cela va nous permettre d’avoir accès plus facilement aux grandes courses de l’America Tour de l’UCI. »
L’équipe Ékoï.com / Gaspésien compte 11 coureurs, de jeunes pousses prometteuses pour la plupart, qui ont déjà performé chez les Juniors ou chez les Espoirs. Ainsi, Émile Jean est champion canadien sur route en 2011. Son coéquipier Antoine Matteau a remporté le championnat québécois la même année. De même, le sprinteur Pierrick Naud a terminé plusieurs fois sur des podiums dans des courses européennes. « La moyenne d’âge des coureurs est de 22 ans, poursuit Stéphane Tremblay. Personne n’en est le leader, même si certains ont plus d’expérience, comme Matthieu Roy et Adam Carr, les deux capitaines de route de l’équipe. »
Garneau-Québecor dans le peloton amateur Ça bouge aussi du côté des amateurs. Une nouvelle équipe canadienne vient de voir le jour, à l’initiative de deux géants industriels. D’un côté, Louis Garneau Sports, marque bien connue au Québec de vêtements et d’accessoires dans le cyclisme et le triathlon. De l’autre, Québecor Inc, actionnaire majoritaire de Québecor Media, conglomérat de médias présent partout au Canada. Fondée en 2006 par Louis Garneau, la nouvelle structure se compose de 25 coureurs, la majorité issue du Québec, mais également de l’Ontario, des Maritimes, de la Colombie-Britannique, et même de Nouvelle-Zélande. Avec un budget de 300 000 $ pour l’année 2012, Garneau-Québecor veut permettre à ses jeunes coureurs de passer professionnels. L’équipe sera présente sur les courses de circuit nord-américain, principalement au Québec et sur la côte est des États-Unis, avec comme principal objectif, le Tour de Beauce, au mois de juin. La formation s’est déjà illustrée avec la victoire de son coureur Bruno Langlois lors du Chain of Lakes Road Race, le 3 mars dernier, en Floride. |
Autour du projet sportif se sont fédérés des partenaires financiers indispensables pour pouvoir évoluer à ce niveau de compétition : Ekoï.com, marque française de vêtements cyclistes présente dans le monde professionnel en Europe (fournisseur des casques pour l’équipe professionnelle AG2R La Mondiale), a rejoint Gaspésien, déjà partenaire depuis six ans, comme commanditaires principaux. Le fabricant de cycle Devinci fournit les vélos et Coaching financier Trek, spécialisée dans la sécurité financière, apporte également son soutien technique. Des partenaires séduits par le projet de Stéphane Tremblay, mais qui assurent ne pas vouloir s’immiscer dans les objectifs purement sportifs : « On s’attend à ce que les coureurs soient à 100 %, indique Sébastien Hue, associé chez Ekoï Amérique. Mais on les laisse se développer et progresser à leur rythme. Notre unique exigence, c’est le sérieux et le professionnalisme ». Seule exception : Devinci a exigé des coureurs qu’ils signent un contrat moral contre le dopage. En cas de contrôle positif, un coureur fautif risque (en plus de son licenciement) des poursuites pour atteinte à la réputation de la marque.
La saison 2012 n’a commencé que depuis le mois d’avril avec le Tour de Battenkil, dans l’État de New York, et la Sea Otter Classic, en Californie. Stéphane Tremblay se déclare déjà satisfait des performances de ses poulains. De bon augure pour le Tour de Beauce, où l’équipe roulera sur ses terres et la Philadelphia International Championship, avec la présence d’équipes de l’UCI Pro Tour (division 1). L’occasion pour les jeunes pousses de se frotter aux meilleurs et de se faire remarquer. Stéphane Tremblay avoue même être déjà en contact avec certaines des ces formations : « Rien n’est encore signé. L’idée d’un tel partenariat serait d’y envoyer quelques coureurs à l’essai pour leur permettre de progresser davantage. »
L’équipe Ekoï.com / Gaspésien ne manque donc pas d’ambitions, même si son directeur sportif se montre prudent sur l’avenir de sa formation : « Par le passé, on a vu beaucoup d’équipes monter en flèche et redescendre aussi vite. L’objectif est d’abord de bien s’ancrer dans cette division, puis de devenir le leader sur les courses en Amérique du Nord. » Le développement de cette structure professionnelle dépend donc des résultats sportifs, mais pas uniquement. Cela passe par la recherche de nouveaux investisseurs et tous en sont bien conscients. « Il est nécessaire de trouver d’autres partenaires, confie Sébastien Hue. Ékoï n’a pas encore la capacité financière pour développer une équipe de 2e division à elle seule. » Première bonne nouvelle, Devinci se dit satisfait du projet mené par Stéphane Tremblay : « Le partenariat initial était d’une année, car nous voulions voir si le projet allait bien se structurer, explique David Régnier-Bourque, gestionnaire marketing chez Devinci. Nous avons entamé des discussions avec l’équipe pour une entente à plus long terme. Nous allons pouvoir aider à la recherche de nouveaux investisseurs grâce à nos contacts, pour monter un programme encore plus viable. » La route vers les sommets du cyclisme professionnel est encore longue et Ekoï/Gaspésien n’est encore qu’au pied de l’ascension.