S’attaquer à la crise du plastique, un vêtement à la fois
L’été dernier, les images d’immenses îlots de plastique flottant en pleine mer se sont multipliées sur nos écrans. Comment se débarrasser de ces encombrants déchets ultrapolluants? En les recyclant en équipement de plein air, par exemple. Explications.
Un chiffre : 8,3 milliards de tonnes. C’est, depuis 1950, la quantité de plastique produit par l’activité humaine. De cet amas, 9 % a pu être recyclé, 12 % incinéré. Le reste, soit environ 6,3 milliards de tonnes, s’est retrouvé en site d’enfouissement, dans la nature ou les océans. Le constat est d’autant plus alarmant, selon une étude états-unienne, que la moitié de ces plastiques a été produite… dans les 13 dernières années.
Bien qu’elle ne soit responsable que d’un fragment de la production du polymère, l’industrie du plein air demeure toutefois une grande utilisatrice de plastiques de toutes sortes : pensons aux textiles synthétiques largement utilisés et, notamment, aux microbilles de plastique rejetées à chaque lavage. L’amant de plein air devrait aussi faire son mea culpa : il dispose bien souvent d’un impressionnant éventail — nécessaire? — de matériel pour aller jouer dehors. Greenpeace, en 2015, n’avait d’ailleurs pas manqué d’écorcher les grands équipementiers de l’outdoor, les tenant responsables d’utiliser des produits chimiques persistants dans l’environnement.
Heureusement, les initiatives vertes se multiplient, les technologies se peaufinent et le pleinairiste dispose dorénavant d’une offre appréciable s’il désire contribuer à minimiser son empreinte écologique. Des plastiques recyclés aux textiles repensés en passant par les plus étonnants procédés de réutilisation de déchets à des fins utiles, Espaces vous présente des entreprises dont les actions sont de nature à reverdir votre conscience, mais surtout votre plein air.
Adidas
Le groupe Adidas a dans sa mire le développement durable depuis 1989, date à laquelle il a enrayé les produits chimiques perfluorés (PFC) de sa ligne. Depuis, les initiatives se multiplient : récemment, le géant sportif a établi un partenariat avec Parley (parley.tv/#fortheoceans), un conglomérat consacré à la sauvegarde des océans. Pour chaque kilomètre couru et enregistré sur l’appli Runtastic, Adidas s’engage à verser 1 $ (jusqu’à concurrence d’un million) à Parley pour sauver les océans. L’entreprise utilise désormais le plastique récupéré sur le littoral et en mer pour créer ses produits; d’ici 2020, le groupe vise à intégrer le plastique recyclé dans tous ses produits.
Chaussures Ultraboost Parley, 268 g, dénivelé semelle : 10 mm, 250 $
adidas.ca
Offrant un amorti ultradynamique, cette chaussure de course offerte en édition limitée est en partie constituée de plastique recyclé. Adidas prétend que onze bouteilles de plastique entrent dans la fabrication de la Ultraboost. Sa tige en mailles extensibles contribue à la foulée naturelle, et le caoutchouc Continental procure une accroche exceptionnelle sur tout type de bitume.
Sunski
Cette entreprise états-unienne s’approvisionne à même le plastique destiné à l’enfouissement, près de son usine en Illinois, afin de fabriquer ses montures. Les lunettes construites à l’aide de résine provenant du plastique recyclé seraient, aux dires de Sunski, plus solides et plus confortables. L’entreprise est aussi fière de verser des dizaines de milliers de dollars annuellement à des causes environnementales; 1 % de ses ventes y est destiné.
Lunettes Portola, polarisation TAC, 90 $
sunski.com
Avec leurs montures polarisées garanties à vie, les Portola offrent un style vintage. Le polycarbonate poli à la main avec lequel elles sont assemblées en plusieurs couches provient entièrement de matières recyclées aux États-Unis. Pensées pour l’amant des grands espaces, elles disposent de teintes variables (pour l’éblouissement de la neige et de l’eau) avec un fini résistant aux égratignures.
Oraki
Seule entreprise canadienne dont les vêtements sont entièrement conçus à l’aide de bouteilles de plastique recyclées, la Québécoise Oraki se spécialise particulièrement dans le yoga, mais aussi dans les vêtements sportifs. Ses collections, qui utilisent à 100 % des produits postconsommation transformés en fil de plastique, sont fabriquées au Québec et respectent les principes du zéro déchet. Philanthrope, l’entreprise reverse une partie de ses profits à l’hôpital Shriners pour enfants. Oraki vise à être écologiquement durable : en plus de l’emballage entièrement recyclable, la livraison à vélo est offerte (été comme hiver) sur l’île de Montréal afin de minimiser les GES.
Legging Ecostrong, 285 g, 114 $
oraki.ca
Ce legging ajusté, à mémoire élastique, offre une liberté de mouvement combinée à une légère compression, à laquelle s’ajoute une étonnante capacité respirante. De 10 à 12 bouteilles entrent dans sa fabrication, et il dispose d’un gousset triangulaire en coton biologique à l’entrejambe.
Vaude
L’équipementier allemand ne cesse de se distinguer avec des innovations originales ayant toutes en commun le développement durable. Déjà fort d’une gamme sans produits chimiques ni pétroliers (Greenshape), Vaude offre dorénavant des textiles recyclés, dont le polyamide, mais aussi un bioplastique provenant de l’huile de ricin, l’EcoPaXX. L’Allemande propose même un feutre (Qmilk) compostable, car conçu à 100 % de fibres naturelles, notamment à l’aide de lait inutilisé (qui finirait jeté) et ne répondant pas aux normes agroalimentaires.
Sac à dos Green Core S, 900 g, 350 $
vaude.com
À la fois conçu pour l’usage sportif et urbain, le Green Core S amalgame toutes les technologies environnementales de Vaude : à la fois le coton biologique, le lait (Qmilk) et le polyamide recyclé (Econyl) entrent dans sa fabrication, alors que ses fermetures à glissière et crochets sont fabriqués en bioplastique. Ce sac à dos de 22 litres comprend une pochette amovible permettant de transporter un ordinateur portable de 13,3 pouces, ainsi qu’une foule de fonctionnalités ingénieuses.
Patagonia
Le premier manufacturier (dès 1993) à transformer des déchets en textile propose une étonnante gamme de produits conçus à l’aide de polyester recyclé. Son tissu Capilene, utilisé principalement dans les sous-couches, en est entièrement fabriqué; la gamme porte aussi la certification Bluesign, garantissant des pratiques responsables dans le cycle de production. Depuis 2005, l’entreprise reprend les vêtements usagés qui lui sont acheminés et les retransforme en neufs. Elle propose une plateforme entièrement consacrée à la vente de ses propres vêtements usagés (wornwear.patagonia.com), afin d’étendre la vie de ses produits et d’éviter l’achat neuf.
Molleton Synchilla, 454 g, 99 $
patagonia.ca
Laine polaire constituée à 100 % de polyester recyclé, le Synchilla intègre une fermeture à glissière pleine longueur et deux poches chauffe-mains. Certifié Fairtrade (label garantissant une meilleure équité chez les travailleurs), ce molleton au fini antiboulochage (et donc minimisant les microbilles au lavage) a déjà prouvé son hallucinante durabilité dans ses versions antérieures.
D’autres exemples à suivre
30A
Une entreprise états-unienne qui fabrique des t-shirts composés à 100 % de plastique recyclé à partir de bouteilles.
30agear.com
Columbia
Même si cet équipementier n’utilise pas que du matériel recyclé, certains de ses produits en sont entièrement composés, comme le OutDry Extreme Eco Jacket, fabriqué à 100 % à partir de bouteilles de plastique usagées.
columbiasportswear.ca
Mountain Designs
En plus d’utiliser des bouteilles de plastique recyclées, cette entreprise intègre des restes de coquilles d’huîtres récupérées dans des restaurants taïwanais dans la fabrication de certains vêtements.
mountaindesigns.com
Repreve
À ce jour, plus de 13 milliards de bouteilles de plastique ont été transformées en fibre synthétique par cette entreprise, ensuite utilisée par de nombreux équipementiers, dont Patagonia et Quiksilver.
repreve.com
Rareform
Cette firme californienne récupère de vieux panneaux d’affichage en vinyle pour en faire de jolis duffel bags bien étanches.
rareform.com
Timberland
Ce célèbre équipementier traite avec une entreprise, Thread, qui retire les bouteilles de plastique des rues d’Haïti avant de les intégrer, une fois transformées, dans la fabrication de certaines bottes.
timberland.com et threadinternational.com
Norton Point
Dans un proche registre, cette entreprise racle aussi les rues et les plages d’Haïti à la recherche de bouteilles de plastique pour en faire des montures de lunettes. Une livre (0,45 kg) de plastique est ainsi utilisée dans chaque paire.
nortonpoint.com
Triple Aught Design
Son Bastion Hoodie, une veste à capuchon, est fabriqué à 80 % de plastique provenant de bouteilles recyclées.
tripleaughtdesign.com