5 randonnées qui donnent le vertige en Norvège
Au pays des trolls, ce ne sont pas les sentiers spectaculaires qui manquent. Voici cinq randonnées grandioses, testées sur le terrain et approuvées.
Mont Hornelen
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Lieu : Hunskår
Distance : 12 km (aller-retour)
Durée : 8-10 heures
La brume matinale dissimule souvent la chapelle blanche d’Hunskår, qui annonce le début du sentier menant au sommet du mont Hornelen. On commence par s’essouffler un peu sur un chemin boueux jusqu’à ce que les arbres cèdent la place à la végétation alpine — en cas de visibilité réduite, il faut demeurer attentif aux marqueurs tracés sur les rochers.
Deux heures plus tard, un lac limpide vient ajouter du mysticisme à ce territoire montagneux. Le plus difficile, c’est d’écourter la contemplation, puisque le sommet est encore loin.
Les rafales qui déferlent sur le paysage dénudé annoncent que l’effort tire à sa fin. À plus de 850 mètres au-dessus du niveau de la mer, la cime du mont Hornelen se coupe abruptement pour former la plus haute falaise maritime d’Europe.
Si jamais la nébulosité obstrue la visibilité et que la nuit estivale ne vient pas avant plusieurs heures, un mot d’ordre : patience. Les nuages peuvent bouger vite, et il est possible de se protéger du vent dans une petite cabine, en attendant l’embellie. Ces quelques secondes d’éclaircie offriront un horizon à la beauté indicible même avec le plus performant des appareils photo.
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Trolltunga
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Ville à proximité : Odda
Distance : 22 km (aller-retour)
Durée : 10-12 heures
C’est un classique norvégien, l’icône de la randonnée scandinave. Trolltunga signifie « langue de troll » et, en effet, cette excroissance rocheuse ressemble bel et bien à un long appendice buccal. Situé dans la municipalité d’Odda, à 150 kilomètres au sud-est de Bergen, le sentier a attiré plus de 80 000 visiteurs en 2017 — vous ne serez donc pas seul.
Durant les trois premiers kilomètres, les marches de pierre se comptent par dizaines, et au terme de cette montée s’étend une vallée alpine. À cet endroit, une pause s’impose. D’abord, parce que même le plus athlétique des marcheurs devra reprendre son souffle. Ensuite, parce qu’il est impératif d’évaluer la durée du jour restant. On doit compter plus de trois heures de marche dans ce territoire qui peut être hostile avant d’atteindre le sommet, en plus du temps consacré au retour. Si la météo venait à changer brusquement en cours de piste, le sentier possède trois refuges d’urgence avec du matériel médical (aux kilomètres 6, 8 et 11).
Après 11 kilomètres de marche, la langue s’étire finalement dans le vide devant un alignement de randonneurs avides d’égoportraits. Attention : en 2015, une jeune femme a glissé sur une roche, ce qui l’a entraînée dans une chute fatale de plus de deux cents mètres.
Une fois les consignes de sécurité appliquées, sachez que la langue de troll est plus large qu’elle n’y paraît, et que s’avancer jusqu’à son extrémité marque la mémoire pour longtemps : les sommets enneigés et le bleu du lac se marient à l’horizon dans une harmonie qui détrône tous les vertiges.
Bloomberg : une ferme suspendue dans les airs
© Benoît Livernoche
Ville à proximité : Geiranger
Distance : 5 kilomètres
Durée : 5-6 heures (trajet en bateau inclus)
Tous les bateaux de croisière convergent vers Geiranger, petit village de 250 habitants loti dans le Storfjord. Ici, le spectacle de la nature est envoûtant. La route qui serpente le secteur recèle de nombreux points de vue, mais se tailler une place dans la masse de croisiéristes est un exercice fastidieux.
Pour éviter la foule, cap sur Bloomberg, petite ferme de bois au toit gazonné perchée à 452 mètres, et qui date du XVIIe siècle. Pour gagner ce site digne d’une carte postale hors du temps, il faut emprunter un sentier facile, mais qui nécessite un peu de préparation. Aucune route ne permet de s’y rendre et il faut donc naviguer sur le fjord en chaloupe à moteur pour atteindre le début du sentier (des particuliers offrent ce service, s’informer au bureau d’information touristique de Geiranger).
Depuis le rivage, il faut marcher une cinquantaine de mètres avant le chemin balisé, qui n’est pas évident à dénicher. Par la suite, les indications sont très claires et la montée dure plus ou moins une heure. On est loin de l’intensité de Trolltunga : le niveau d’effort à déployer est inversement proportionnel à l’immensité de l’émerveillement ressenti à l’arrivée!
Ah! À l’aller comme au retour, on croise une éblouissante formation de sept chutes, les Sept Sœurs, à ne manquer sous aucun prétexte.
Reinebringen
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Ville à proximité : Reine
Distance de marche : 2,5 kilomètres
Durée : 3 heures
Une impression de bout du monde plane sur les îles Lofoten. En haut du cercle polaire, cet archipel se déploie dans un décor de montagnes grises et de neiges éternelles.
Le lieu névralgique pour admirer la beauté de Lofoten, c’est le mont Reinebringen, au sud. L’accès à la piste de randonnée se trouve facilement depuis la route E10. Cependant, lors de notre passage au printemps 2017, le sentier subissait des réfections et manquait d’indications. Heureusement, le paysage décharné permet de ne pas perdre de vue le sommet, tant que les conditions météorologiques ne se gâtent pas.
Le sentier traverse d’abord une section boisée avant de déboucher sur une partie rocailleuse — un secteur qui peut être glissant en raison du lichen. L’érosion fait son œuvre, alors que les marcheurs sont de plus en plus nombreux. Les pas des randonneurs rendus plus haut font dévaler les petites roches instables sur la tête des marcheurs qui les suivent. Ce parcours un peu plus technique exige un minimum de concentration.
En hauteur, Reinebringen ne rivalise pas avec les gros sommets de l’archipel. Néanmoins, du haut de ses 448 mètres, on peut voir jusqu’aux montagnes continentales par temps clair.
La crête du Romsdalseggen
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Ville à proximité : Andalsnes
Longueur : 10 km
Durée : 7-8 heures
Il est possible d’effectuer ce trajet en un aller seulement. En matinée, un autobus quitte le village d’Andalsnes de la station de train pour déposer les randonneurs sur l’autre versant de la montagne. En haute saison, il est recommandé d’acheter son billet au moins une journée à l’avance.
Pendant un long moment, le sentier longe un ruisseau. Au printemps, le sol est boueux et très glissant. Une paire supplémentaire de bas peut réchauffer des pieds mouillés par cette portion du trajet. Après une montée un peu essoufflante, la piste offre sa première surprise : la vallée Vengedalen, enneigée et éblouissante sous le soleil matinal. Ce haut plateau donne l’impression d’être emmuré par les montagnes, qui forment une intimidante enceinte blanche dissimulant l’horizon. Monter dans la neige nécessite beaucoup plus d’efforts, mais en juillet et en août, les randonneurs seront épargnés.
La montée s’étire encore sur deux bonnes heures pendant que de faux sommets nous narguent. L’apparition du fjord et du village d’Andalsnes, en contrebas, annonce bientôt que l’ascension tire à sa fin. Il est alors possible de croquer ce point de vue sous différents angles, en prolongeant la marche le long de la crête.
Il ne reste plus qu’à redescendre vers Andalsnes, en faisant gaffe à ses genoux : la descente est plutôt verticale!
Pour aller plus loin
Bien planifier son voyage : visitnorway.fr
Horaire des traversiers et tarifs : directferries.ie/norway.htm
Cartes topographiques des sentiers : english.dnt.no/maps