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Longue randonnée : le chemin le plus long

La longue randonnée propose un défi physique et psychologique marquant, sans foule et sans glamour. Un défi intime qu’on vit dans l’ombre, un pas à la fois.

« Tout le monde a peur sur le sentier au début, la première nuit. Tu es dépouillé de ton identité, tu te sens vulnérable. Puis, des semaines plus tard, à la fin de ta longue randonnée, tu te rends compte que tu as surtout peur de finir… », raconte Yanick Di Vito, adepte de la longue randonnée.

La longue randonnée impose de sortir de sa zone de confort et de son quotidien pour renouer avec la nature, et pour renouer avec ses racines. Ses adeptes croient fermement à son potentiel de développement personnel. Quelle durée une longue randonnée devrait-elle avoir pour qu’on puisse vivre cette aventure authentique avec toutes ses promesses? Les réponses varient selon les sources. On peut parler d’une randonnée d’une semaine, de plusieurs semaines, voire même de plusieurs mois : « Ça dépend. Ça prend le temps que l’adrénaline et le rush de la nouveauté descendent, qu’on tombe dans un rythme plus méditatif. Deux semaines, en général », témoigne Yanick Di Vito.

Le profil de ces athlètes-randonneurs diffère de celui des autres sportifs. Ceux qui se lancent dans la mythique Appalachian Trail, par exemple, sont rarement préparés ou entrainés. C’est plutôt la vie qui leur a lancé un défi tout autre : un divorce, un décès, la perte d’un emploi. Entreprendre cette longue randonnée est leur moyen de passer à travers cette épreuve. 

Yanick Di Vito a ainsi tout perdu dans un feu. L’année suivante, après une préparation autodidacte plus intellectuelle que physique, il se lance à l’aventure. Il part seul de la Georgie, un État du sud-est des États-Unis, avec 3 500 kilomètres à franchir sur le segment américain du sentier des Appalaches.

Le premier essai a pris fin six semaines plus tard après une infection par un parasite transmis par l’eau, qui a demandé des soins médicaux. L’année suivante, Yanick continue son chemin sur le sentier en prenant son point d’abandon comme point de départ. Beaucoup de randonneurs de longue distance choisissent de faire le sentier par section, à cause d’un agenda bien rempli ou de la charge immense du défi qu’ils préfèrent doser. Celle qui deviendra ensuite l’épouse de Yanick Di Vito aura fait sept tentatives en dix ans pour réaliser son rêve de marcher tout le sentier des Appalaches. « Je dirais que huit randonneurs sur 10 abandonnent. Pourquoi? Parce qu’on vit dans un milieu très compétitif. Les gens veulent faire ce sentier comprenant des milliers de kilomètres au complet, immédiatement. Mais ce n’est pas important le temps que ça prend, ce n’est pas une compétition la longue randonnée », pense Yanick Di Vito.

Partir dans le bois

La nature de la préparation tient plus de la logistique que de l’entrainement physique. Il s’agit d’abord de faire la recherche de l’itinéraire choisi et d’y repérer les refuges, les sites de camping, les points d’aide, les sources d’approvisionnement, en plus de s’informer sur l’état général des sentiers. Il ne faut pas hésiter à lire des témoignages de randonneurs qui ont foulé le trajet que l’on convoite, ni à entrer en contact avec eux pour leur poser des questions. Les forums sont d’ailleurs une mine d’or lorsque les sites de références se tarissent.

Le fameux sac à dos est un élément crucial de la préparation. Il faut en choisir un bien ajusté, et le remplir de seulement ce dont on aura vraiment besoin au cours des jours de randonnée. Plus léger sera le sac à dos, plus douce sera la randonnée… pourvu que rien de critique n’ait été écarté. Et tout le monde peut le faire : « Partir une semaine ou partir six mois, c’est presque la même chose en terme de logistique, lance Yanick Di Vito. Dans le bois, tu es toujours à deux ou huit jours d’un village où tu pourras te réapprovisionner. »

Quant à la préparation physique, rien de sorcier non plus : marcher souvent et longtemps avec son sac à dos plein. Pour commencer, on choisit une charge un peu moins lourde (5 ou 10 kilos par exemple) et on augmente le poids graduellement. « C’est simple : tu as juste à marcher et à regarder où tu mets les pieds! Après des semaines à marcher des kilomètres par jour avec un sac à dos de quinze kilos, tu vas être en forme, même si tu ne l’étais pas au départ. Le corps est bien fait : il s’adapte », simplifie Yannick Di Vito. Des randonnées plus courtes permettent de tester le matériel et de s’ajuster par la suite. Elles ne sont toutefois pas essentielles avant d’entreprendre une longue randonnée. « Je suis incapable de partir qu’une fin de semaine. Ce n’est pas assez long! Je reviens toujours le cœur brisé », témoigne le randonneur.

Ce qui est surtout important selon lui, c’est de bien s’occuper des petits bobos qui surviennent, car ce sont eux qui peuvent devenir problématiques et occasionner un abandon.

Qu’on souhaite passer des jours ou des semaines en solitude complète ou partager cette expérience avec un coéquipier, il faut être prêt psychologiquement! Chaque sentier a aussi sa propre personnalité. Le sentier des Appalaches aux États-Unis est reconnu pour être social : plus de 2 000 randonneurs s’attaquent à sa traversée chaque année, et c’est sans compter les milliers de marcheurs aux objectifs plus modestes. « Sur l’Appalachian Trail, c’est une véritable communauté. Chacun a un surnom. Tu signes au début des sentiers, alors les gens se suivent, se connaissent et se reconnaissent », explique Yanick surnommé « Montreal » sur le sentier des Appalaches. Au Québec, la longue randonnée est moins développée et les marcheurs peuvent s’attendre à passer un bon moment sans voir une âme humaine. Chaque recette possède son charme.


Le Sentier national

Un sentier qui traversera le pays d’ouest en est constitue pour l’instant un projet encore au stade incubatoire. Dans la province, le Sentier national du Québec se développe et compte maintenant 1050 kilomètres de sentiers balisés sur les 1 600 kilomètres à fouler pour traverser la province. Yanick Di Vito, désirant faire partie des « pionniers », l’a marché en 2003 avec sa compagne. Dix ans plus tard, à la fin de l’été, il recommencera l’exploit cette fois-ci en solo : « Je suis très fier de ce sentier-là. C’est encore un bébé, mais il ne faut pas lâcher : il peut devenir un grand sentier. Je suis content de le voir grandir et évoluer. » Pour grandir, il grandit : cet automne, le marcheur pourra fouler 400 kilomètres de sentiers supplémentaires qui ont été travaillés et balisés depuis sa première expédition.


Suggestions de la Fédération québécoise de la marche 

Partir des mois n’est pas accessible à toutes les bourses ni à tous les agendas. Voici des suggestions de « longue randonnée » pour planifier de prochaines escapades en mode vacances… en attendant d’entreprendre la randonnée qui changera peut-être votre vie!

Expédition d’une semaine

- la Traversée de Charlevoix (105 kilomètres).
- le Sentier international des Appalaches (SIA) de Matapédia à Amqui (150 kilomètres)
- le Sentier national au Bas-Saint-Lauren t (144 kilomètres).

Expédition de deux semaines

- le Sentier international des Appalaches (SIA) d’Amqui à Mont-Saint-Pierre (environ 280 kilomètres)
- le Sentier national Lanaudière et Mauricie, du sentier le Massif au sentier Wabenaki (environ 270 kilomètres)

Expédition d’un mois

- le Sentier international des Appalaches (SIA) de la Matapédia à Mont-Saint-Pierre (environ 430 kilomètres)
- le Sentier national du Québec (SNQ) du sentier de l’Héritage près de La Conception jusqu’au sentier Wabenaki en Mauricie (les randonneurs doivent s’attendre à marcher sur la route sur certaines sections, entre les sentiers principaux.)

Encore plus
Sentier international des Appalaches - Québec : sia-iat.com
Sentier national du Québec : randoquebec.ca
Appalachian Trail (US) : appalachiantrail.org
ALDHA : aldha.org
Trail Journals : trailjournals.com

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