Guatemala : Au pays des Cités d’Or
La paix s’est installée au Guatemala, après trente-six ans de guerre civile. Depuis une décennie, les touristes affluent pour découvrir volcans, grottes, jungle et culture maya. Ici, on se sent presque au pays des « Mystérieuses Cités d’Or »!
« Enfants du soleil (…)» J’avais en tête ces paroles de la chanson thème du dessin animé populaire lorsque je suis arrivé au Guatemala… et je les ai conservées jusqu’à mon départ. Pendant six semaines, j’ai vraiment eu l’impression de vivre dans cet univers.
Les Guatémaltèques vivent au même rythme que l’étoile que les Mayas ont adoré pendant des millénaires : une seconde à la fois. Même si le pays aspire à la modernité, on sent partout cette lenteur traditionnelle, autant dans l’art de confectionner à la main des vêtements traditionnels aux couleurs éclatantes que dans celle de préparer la nourriture; comme si elle était intrinsèque à ses habitants.
Mais le Guatemala, c’est plus qu’un pays oùl’oisiveté se manifeste autant dans l’art de confectionner à la main des vêtements traditionnels aux couleurs éclatantes que dans celle de préparer la nourriture. C’est aussi une contrée oùle touriste peut découvrir des volcans, des grottes, la jungle, des sites mayas millénaires et des ruines de l’époque coloniale.
Avant de partir, un petit conseil : préparez-vous à manger des tortillas chaque jour. Au Guatemala, une famille de 8 personnes mange en moyenne 170 tortillas par jour (21 tortillas par personne). Comment peuvent-ils en manger autant sur une base quotidienne? Aucune idée. Personnellement, après trois semaines, j’en avais ras le bol de cette odeur et de ce goût de maïs. Préparez-vous également à manger quotidiennement guacamole et frijoles, les deux autres membres de la trinité alimentaire de ce pays de l’Amérique centrale de 108 890 kilomètres carrés (soit 15 fois plus petit que le Québec). La frijole est une pâte à base de fève noire, d’oignon et d’ail. Sa texture s’apparente au plâtre, mais c’est meilleur au goût.
Une fois votre estomac rempli, partez à la découverte de ce pays de 13 millions d’habitants (dont la moitié sont d’ascendance maya). Pour ce faire, rien de mieux que de commencer son séjour à Antigua, un incontournable. Cette ville est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO et bénéficie d’une situation géographique unique. Située à 1530 mètres du niveau de la mer, Antigua est réputée pour sa riche architecture coloniale, ses ruines, ses rues en pavé uni, ses maisons multicolores et ses écoles de langue espagnole. Et la ville est entourée de volcans (il y en a 33 au Guatemala).
Situé à environ une heure d’Antigua, le volcan Pacaya est une destination prisée pour une raison bien particulière : il s’agit d’un des trois volcans actifs du pays. Vous voulez voir des rivières de lave, de la roche en fusion à cinq pieds de distance et avoir très chaud? Pacaya est faite sur mesure pour vous. Trois heures après ma visite, la chaleur faisait encore souffrir mes pieds. Au moins, les semelles de mes chaussures de marche n’ont pas fondu sous l’intensité de la chaleur, ce qui n’a pas été le cas de certains de mes comparses qui ont vu les leurs détruites par la fournaise. Comme l’activité représente certains risques, il est conseillé de vous assurer les services d’un bon guide, de le suivre et de marcher lentement. Les roches sont très instables et surtout très coupantes, ce qui rend peu intéressants les faux pas. Mes mains ont saigné pendant une heure après avoir heurté la lave séchée.
À Antigua, certaines entreprises offrent des excursions sur les autres volcans qui entourent la ville. L’ascension d’Acatenango (le 3e plus haut du pays à 3976 m) représente un défi intéressant. En plus des cinq heures de marche (la montée seulement), l’expédition permet de traverser quatre zones de végétation, d’avoir une vue imprenable sur Fuego, le volcan voisin, également actif, de se retrouver au-dessus des nuages et d’être coupé du reste du monde. Ici encore, la présence d’un guide, pour une question de sécurité, est recommandée.
De Antigua à Atitlan
Le Lago de Atitlan, à trois heures à l’ouest d’Antigua, est aussi un incontournable! Entouré de trois volcans et de versants abrupts, le lac, refuge unique de la diversité de la culture maya, est considéré comme l’un des plus beaux au monde.
Chaque village possédant sa propre langue maya, une expérience unique vous attend donc à chacun de ces endroits, en plus d’être témoin de la richesse et de la variété des costumes traditionnels. Pour les panoramas les plus impressionnants du lac, rendez-vous sur la rive nord le matin, soit à San Marcos ou à Jaibalito, les trois volcans se trouvant du côté sud. Et comme il n’y a pas de route reliant chaque village, le seul moyen de transport est la lancha (petit bateau à moteur), ce qui ajoute au charme de l’endroit.
Gravir le volcan San Pedro (3020 m) vous permettra également d’avoir une vue imparable sur le Lago de Atitlan. Pour naviguer sur le lac, il est possible de louer un kayak dans une des bourgades de la rive nord. Et si vous vous sentez plus oiseau que poisson, retournez à Panajachel et offrez-vous un saut en parapente au-dessus de cette étendue d’eau unique.
C’est probablement en visitant le lac et la région (appelée les Hautes Terres) que l’on saisit vraiment l’importance du mode de vie traditionnel des Mayas (l’irrésistible lenteur) et ses impacts dans toutes les sphères de la vie de ces gens.
Passage obligé dans l’Alta Verapaz
Une fois que vous aurez visité les airs, les eaux et la terre, pourquoi ne pas aller faire un tour DANS la terre? Moi qui n’avais jamais visité de grottes auparavant, j’ai eu le coup de foudre pour la spéléologie dans l’Alta Verapaz, région du centre du pays au cœur de la forêt tropicale, où l’on peutvisiter les grottes de Lanquin et de K’Anba. Encore un petit conseil : si vous demandez à votre guide s’il est possible de s’y promener en sandales, ne le croyez surtout pas s’il vous répond « oui ». Parce qu’il faut enlever lesdites sandales dans la grotte et qu’il faut nager. Ce qui signifie que vous allez marcher pieds nus dans des excréments de chauve-souris, que vous allez passer votre temps à vous cogner les pieds contre des roches, que vous allez saigner pendant deux heures et que vous ne serez pas capable de marcher pendant trois jours. À l’exception de ce léger détail, vous passerez deux heures de pur bonheur à nager avec un bras (puisque vous tenez une chandelle dans l’autre), à glisser dans la boue, à éteindre votre chandelle dans l’eau, à la rallumer et à ne pas savoir où vous allez mettre les pieds.
Et qui dit visite des grottes, dit aussi détour à Semuc Champey (à 300 m de K’Anba et à environ 12 km de Lanquin). Considéré par plusieurs comme le plus bel endroit du Guatemala, Semuc est tout simplement à couper le souffle. Au-dessus de la rivière Cahabon, au fond d’une vallée entourée d’énormes falaises, s’est formé au fil du temps un pont naturel de calcaire de plus de 300 mètres de long, sur lequel on dénombre une dizaine de piscines naturelles de grandeurs différentes et remplies d’eau des montagnes cristallisée, ce qui donne aux bassins une couleur turquoise. Et le plus extraordinaire, c’est qu’il est possible de se baigner dans ce paradis perdu. Lors de notre visite, nous étions 12 sur le site! Tout ça pour quelques dollars canadiens! Faudrait être fou pour s’en passer.
Pourquoi n’a-t-on pas appris ça dans les Cités d’Or ?
Tikal, en plein cœur de la jungle du Petén, au nord du pays, est un autre incontournable du Guatemala. Principal centre culturel de la civilisation maya, Tikal a accueilli ses premiers habitants vers 700 avant Jésus-Christ, a connu son âge d’or entre les 3e et 6e siècles, avant d’être abandonné, mystérieusement, vers l’an 900. Les spectaculaires constructions, visibles aujourd’hui et jadis peintes en rouge, datent de la fin du 7e siècle au début du 9e siècle.
Pour vivre cette expérience unique à fond, il est préférable d’arriver à Tikal avant l’aube. Après une marche d’environ 30 minutes dans la pénombre, le Temple IV (le plus haut du site à 64 m) offre un spectacle grandiose : le lever du soleil derrière le sommet des autres temples. Ajoutez à ce spectacle visuel unique l’éveil de la jungle et des centaines d’animaux et d’oiseaux qui la peuplent. Une symphonie sublime.
En plus de construire ces bâtiments qui ne laissent pas indifférent (si vous n’avez aucune émotion en pénétrant sur la Gran Plaza, on vous conseille d’aller consulter un spécialiste) et dont la logique de construction a grandement été influencée par l’astronomie, De plus, les Mayas ont également trouvé un autre moyen original de se distinguer. Bien qu’ils aient marqué l’Histoire, les Français ne se sont jamais démarqués par l’originalité des noms de leurs chefs : Henri (III, IV), Louis (XIV, XV), Charles (V, VI). Les Mayas, eux, ont su frapper l’imaginaire avec des noms créatifs et originaux : Grande Patte de Jaguar, Grenouille qui Fume, Seigneur Eau, Double Rayon de Lune, Jaguar-Fumée, Soleil-Ara-Quetzal, Jaguar-Nénuphar, Singe Fumée, Lapin 18 et Seigneur Chocolat!
San Simon, un dieu débauché?
Outre cette habitude fascinante qu’ils ont à prendre leur temps (la sieste est une institution; et l’heure, une option), les Guatémaltèques sont aussi très religieux, ce qui peut parfois donner naissance à des phénomènes inusités. San Simon (ou Maximon) est un autre exemple illustrant la richesse culturelle du pays. San Simon est un dieu créé par les Mayas à l’époque coloniale espagnole en réaction au catholicisme imposé par les conquérants. La religion des Espagnols voyait d’un très mauvais oeil l’alcool, la drogue, l’argent, le sexe. Alors, les Mayas ont inventé un dieu qui leur permettait de jouir de ces « vices ».
En plus d’être un rebelle, San Simon a la chance de se faire payer « en nature ». San Simon (qui mesure environ trois pieds) vit dans une boîte en vitre (que j’ai surnommée la San Simon Mobile), ressemble à un personnage de l’Évangile en papier (l’émission où Claude Lafortune, ce magicien du ciseau, fabriquait des personnages en papier pour raconter des histoires du Nouveau Testament) et reçoit de ses fidèles des offrandes : cigarettes, argent et alcool. Certaines personnes vont même jusqu’à brûler de la nourriture pour demander des faveurs à leur dieu.
Une autre preuve que le Guatemala permet aux touristes d’en voir de toutes les couleurs. Et on en redemande à notre plus grand plaisir.
Fiche Voyage
Quand : Il n’y a pas vraiment de mauvaises périodes pour visiter le Guatemala. La saison des pluies s’étend de la mi-mai à la mi-octobre; la saison sèche, de novembre à avril.
Pour s'y rendre : L’avion est le moyen le plus économique. Au Canada, il faut transiter par les États-Unis. Tous les vols internationaux arrivent dans la capitale, Ciudad Guatemala.
Déplacements : Pour vivre pleinement l’expérience du pays, il faut voyager dans les fameux « chicken bus ». Toutefois, pour les longues distances, nous suggérons les navettes ou les autobus de luxe.
Budget : Sans trop se priver, il est possible de vivre avec un budget quotidien de 20 $. Une nuit à l’hôtel coûte généralement de 4 à 5 $; un repas, 3 à 4 $.
Argent : La monnaie nationale est le quetzal (1 $CAN = 7 quetzales). Dans les agences de voyages, le dollar américain est généralement accepté.
Langue : L’espagnol est la langue officielle, mais il existe environ une vingtaine de langues mayas. L’anglais est parlé dans les grandes villes, mais la connaissance de l’espagnol est un atout indispensable.
Le meilleur : Semuc Champey, Cuevas de K’Anba. Situés en plein cœur de l’Alta Verapaz, ces deux sites se visitent dans la même journée. Le plus bel endroit du Guatemala. Le pire : Marché public de Chichicastenango. Une visite au marché peut devenir épuisante, du moins sur le plan mental. Prévoyez répéter : « No gracias » au moins 1000 fois dans la journée. L’étrange : San Andres de Itzapa. Troublant de voir les habitants sacrifier argent, alcool, cigarettes et nourriture pour leur dieu. |