Ile Verte : randonnée guidée par le phare
Si l'île Verte a quelques sentiers à offrir pour la découvrir en profondeur, les kilomètres avalés dans la partie nord, face à l'estuaire du Saint-Laurent, feront autant travailler vos chevilles que vos pupilles.
J'ai eu un vrai coup de cœur pour ce tracé sauvage, jamais avare de surprises et de curiosités (à condition de laisser flâner son regard et de faire confiance au hasard), que j’avais déjà savouré lors d’une précédente visite dans ce petit paradis du Bas-Saint-Laurent.
Je me suis à nouveau élancé de l’extrémité du village du Bout d'En Haut (juste avant que la route n’empiète sur des terrains privés), situé à une dizaine de kilomètres à l’ouest en arrivant du quai, où les maisons de la municipalité de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs exhibent leurs couleurs chatoyantes.
J’avais convenu avec des amis qu’ils me déposent au point de départ et me récupèrent à l’arrivée, la perspective de devoir regagner notre chalet à pied après l’effort entrepris ne m’enchantant guère. Une fois sur la grève, j’ai distingué au loin, sur ma droite, la silhouette du phare, véritable appât visuel pour le marcheur motivé.
Pas une promenade de santé
Lors de cette escapade, j’ai décidé de parcourir la distance qui me séparait de cette vieille lanterne – environ 8 km – sans vraiment m’arrêter et à un bon rythme, avec pour compagnon de route le fleuve Saint-Laurent et sa carrure de géant, plus de 20 km séparant cette oasis du village de Tadoussac, situé sur l'autre rive.
Dans ce secteur d’une authenticité revigorante, il est courant d'apercevoir des baleines, des phoques, voire des bélugas, ce qui accentue la beauté du périple. Les oiseaux, notamment des gélinottes huppées, tiennent aussi parfois compagnie à l'aventurier en quête d'air pur, qui progresse dans un paysage sans fard. Deux heures et des poussières plus tard – comptez-en au moins une de plus si vous voulez bien en profiter – je parvenais à destination, au pied du totem de l'île constamment battu par les vents.
Sans être difficile, cette randonnée voguant entre mer et forêt s'adresse aux marcheurs expérimentés, qui trouveront de quoi étancher leur soif d’effort sur ce parcours très rocailleux mettant les chevilles à contribution. Les plages, mêlées de sable et de cailloux, ne sont pas non plus de tout repos lorsqu'on décide de les arpenter.
Ralentir, c’est bien aussi
Contrairement à l’auteur de ces lignes, il est préférable de prendre son temps pour cerner ce décor minéral jalonné d’anses sablonneuses qui sont autant de haltes invitant à la contemplation ou à une petite collation, et où le bois charrié par la mer inspire parfois des mains anonymes pour des œuvres improvisées, quand ce n'est pas la nature qui se prend pour une artiste : ici un morceau de coque de bateau retourné fait penser à une tente, là un arbre échoué à la souche esthétique... Il y a aussi cet abri de fortune, impavide face aux assauts du temps, qui fait penser à un navire avec son mât dressé vers le ciel.
Il était environ 13 h lorsque mes pas – environ 15 000 selon ma montre GPS – m’ont conduit au doyen des phares du Saint-Laurent (1809). Je me suis alors dit qu’un jour je tenterais cette virée en tenant compte du coucher de soleil, histoire de la finir en beauté. Dans une région habituée aux crépuscules de compétition, il n’y a aucun doute là-dessus.
Info : ileverte-tourisme.com