Santiago de Okola : quand le tourisme rassemble
Notre collaboratrice Nathalie Schneider, a rejoint la Bolivie dans le cadre du Défi Blogueurs d'Explorations en terres solidaires de Village Monde. Voici la suite de ses pérégrinations.
Elle a vraiment l’air au bout du monde habité, cette communauté aymara, perché à près de 4000 m, au bord du lac Titicaca, le grand lac qui s’étire entre Pérou et Bolivie. Dans la province Umasuyu, Santiago de Okola est un village retranché, blotti au pied du Dragon endormi, un massif tout en arêtes, qui se dresse à plus de 5000 m (Dragon Dormido). Endormi, certes, mais pas mort pour autant : sur son compte courent un tas de légendes bien vivantes, qu’on enseigne aux enfants, à l’école, dès le plus jeune âge.
Dès notre arrivée, nos hôtes, Santiago, Nicolasa et Don Thomas, le très respectable président de l’association touristique locale, déploient, en quelques minutes, un buffet débordant de plats traditionnels : kasuira (crèpes de quinoa), Kispina (croustilles de quinoa), la haba (haricots), papas (pommes de terre), pollo (poulet) et fèves de Lima. «Tous les ingrédients sont produits sur place, souligne Don Thomas. La junk food est interdite ici, dit-il. La mauvaise alimentation est une des causes des maux de l’humanité. Et le quinoa est la meilleure nourriture médicinale.»
Nous voilà dans le cœur du sujet : à Santiago, le temps s’est arrêté, ou plutôt, est revenu en arrière, à l’époque où on mangeait ce qu’on cultivait sur place, qu’on se soignait avec les plantes indigènes et qu’on tissait la laine de ses moutons pour se vêtir. Mais allez faire un tour à l’école primaire et secondaire Don Bosco, place centrale, et vous y verrez les signes d’une modernité intégrée. Santiago vit à l’ère d’Internet et ses 50 enfants scolarisés ont accès à une salle informatique débordant d’ordinateurs et à un labo équipé pour les sciences naturelles.
«La bonne connaissance de notre culture et de nos traditions est essentielle à la survie de notre communauté; c’est pour ça que nous mettons tant d’efforts à enseigner aux enfants tout ce qui compose notre culture ancestrale, explique le directeur Ricardo Choquehuanca, à son bureau. Derrière lui, des affiches représentent les figures légendaires des grands héros et révolutionnaires aymaras – Thomas Katari, Gregoria Alpaza, Bartolina Sisa.
«C’est pour inciter les jeunes à revenir à Santiago après leurs études que nous avons décidé de développer le tourisme communautaire.» L’école abrite aussi un petit musée dédié à la culture aymara et à son artisanat, musée réalisé grâce à des fonds d’une ONG italienne (OCODEP). Et les élèves du secondaire apprennent à guider les visiteurs à travers les différentes sections du musée, histoire de se préparer au métier de guide touristique.
Sur les 80 familles locales, une douzaine offrent des chambres «chez l’habitant» comme Santiago et son épouse Nicolasa, une maison traditionnelle où on apprend à frire les tortillas de quinoa dans la petite cuisine et où on fait une flambée, le soir venu, pour discuter en sirotant une tisane de plantes digestives. Dans la journée, on part en barque pour pêcher au filet, à la manière locale, et on grimpe sur le dos du Dragon pour humer le parfum des buissons et voir, au loin, s’étirer l’horizon au-dessus du lac Titicaca.
Info : le microtourisme communautaire à Santiago de Okola est offert via la plateforme de réservation de la fondation Village monde.
L’auteure remercie Village monde, le programme Uniterra du CECI, la Fondation Air Canada pour leur aide précieuse à la réalisation de ce reportage.
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