Treks d’une vie au Canada
Pourquoi se ruiner sur l’Inca Trail ou la Haute Route des Alpes, quand on peut arpenter des sentiers légendaires dans son propre pays ? Voici quatre longues randonnées à inscrire sur sa liste d’aventures à vivre au Canada.
North Coast Trail, Colombie-Britannique
Empreintes de loups, plages sauvages du Pacifique et crapahutage dans la boue : voilà cette inoubliable randonnée de sept jours résumée à sa substantifique moelle ! Longeant la pointe nord de l’île de Vancouver, la North Coast Trail fait partie des sentiers les plus difficiles à parcourir au Canada. Seuls les durs à cuire peuvent franchir ses 58 km où se succèdent des ascensions abruptes à l’aide de cordes, une traversée à pied ou en bac à câble de rivières glaciales et de nombreux passages marécageux. Des obstacles de taille, qui astreignent les randonneurs chargés de gros sacs à dos à un rythme d’à peine 1 km/h durant la première journée (8 km de sentier = 8 h d’effort!) et guère plus vite les jours suivants.
Mais comme on dit souvent, plus le labeur est intense, plus belle est la récompense. Et celle-ci se savoure à plusieurs reprises chaque jour, lorsque le long et pénible sentier forestier débouche sur des plages sauvages et isolées, l’endroit idéal pour y planter son bivouac. Autour du feu de camp où sèchent une ribambelle de bas, de bottes et de guêtres, on entend le souffle des baleines du Pacifique qui profitent elles aussi du soleil orangé qui se couche à l’ouest. Et elles ne sont pas les seules représentantes du règne animal à vivre dans les parages, si on en juge par les centaines d’empreintes de pattes d’ours et de loups laissées dans le sable, au fil du sentier.
Moins achalandée que la fameuse West Coast Trail, plus au sud de l’île, la North Coast Trail n’a pas de quota quotidien de randonneurs. Comme elle est plus isolée, il faut par conséquent prévoir un budget de transport (par avion ou en voiture jusqu’à Port Hardy). Le coût de la tranquillité et du dépaysement assurés !
Distance et durée : de 58 à 75 km ; de 5 à 7 jours.
Type de randonneurs : intermédiaires ou experts, très en forme et très autonomes, avec une bonne préparation en amont.
Info : capescottpark.com
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Canol Heritage Trail, Territoires du Nord-Ouest
Une expédition sur le sentier de la Canol (contraction de Canadian Oil) permet de découvrir un épisode plutôt méconnu de l’histoire du Canada. Celui de la construction, dans les années 1940, d’un pipeline de 2 700 km reliant les champs pétrolifères de Norman Wells, dans les Territoires du Nord-Ouest, jusqu’à la route de l’Alaska, à la frontière avec le Yukon. Tout cela en vue de garantir l’approvisionnement américain en pétrole, compte tenu de la menace japonaise lors de la Seconde Guerre Mondiale.
De ce chantier colossal en pleine nature, le plus important jamais vu à l’époque en Amérique du Nord, il ne reste que des vestiges de camions-citernes, de poteaux de télégraphe et de camps de travailleurs à travers lesquels les randonneurs peuvent aujourd’hui marcher. Abandonnée à la fin de la guerre après une seule année d’exploitation, la route tracée par le pipeline serpente encore sur une portion pédestre de 350 km où la nature a bien vite repris ses droits. Des marécages ont embourbé des pans entiers de l’ancien chemin, tandis que les grizzlis ont reconquis le territoire.
Sillonnant d’immenses vallées recouvertes de toundra, traversées par des rivières sauvages et encadrées par les impressionnants monts Mackenzie, le sentier ne comporte pas de grosses difficultés de dénivelé. Sa distance et le balisage quasi inexistant exigent cependant une endurance mentale à toute épreuve ainsi que de solides connaissances en matière d’orientation et de survie en milieu isolé (le seul moyen de ravitaillement possible est l’hélicoptère... qui coûte les yeux de la tête).
Plusieurs choisissent de n’en parcourir que quelques tronçons (allers-retours au départ de Norman Wells) ou de l’explorer en vélo de montagne. Chose certaine, chaque option offre la promesse d’une aventure sur les traces du passé, dans un coin de pays au potentiel de plein air méconnu.
Distance et durée : 100 à 350 km ; 8 à 24 jours.
Type de randonneurs : experts en autonomie, avec une très bonne préparation et, de préférence, une expérience de survie en région éloignée.
Info : canoenorthadventures.com/adventures/canol-heritage-trail
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East Coast Trail, Terre-Neuve
Un conseil : dotez-vous d’une excellente veste imperméable si vous voulez profiter de cette rando comme il se doit ! Ici, à Terre-Neuve, la pluie et la brume ne sont jamais bien loin, mais c’est aussi ce qui fait le charme de la grande île. L’East Coast Trail, bien que moins connue que son homologue de Colombie-Britannique, est l’un des bijoux de la longue randonnée au pays. Sur 265 km de côte déchiquetée entre Cape St. Francis (à 45 km au nord de St. John’s) et Cappahayden, le sentier offre aux randonneurs un large éventail de véritables cartes postales maritimes.
Le panorama depuis le photogénique phare de Cape Spear, à deux pas de St. John’s, est de loin le plus beau. À moins de préférer la vue depuis la porte de votre tente, face au ballet de dos et de queues de baleines qui passent elles aussi leurs vacances estivales dans la région. Le sentier est découpé en 26 tronçons de longueur et de difficulté variables, mais une aventure digne de ce nom attend ceux qui entreprennent son parcours au complet. Des étapes dans les petits villages aux maisons colorées vous feront aller à la rencontre du peuple terre-neuvien, rude mais chaleureux, et qui ne manque jamais de partager quelques histoires de pêche et de pirates avec leurs visiteurs.
Distance et durée : plus de 300 km ; trois semaines.
Type de randonneurs : intermédiaires, avec une bonne endurance et un bon moral dans des conditions météo parfois instables, même en plein été.
Info : eastcoasttrail.ca
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Fundy Footpath, Nouveau-Brunswick
Le plus accessible de nos sentiers coups de cœur pour la longue randonnée n’est pas dénué de beauté. Il longe un des derniers secteurs sauvages de la côte atlantique nord-américaine. Avec la baie de Fundy comme fil rouge, les 41 km de sentiers jouent aux montagnes russes dans une succession de montées et de descentes (3 000 m de dénivelé au total), de la grande rivière Salmon jusqu’au parc national de Fundy.
Sur fond de forêt boréale, les randonneurs accèdent à des points de vue saisissants, sur les falaises léchées par les vagues. Les marées géantes qui font la renommée de la région nécessitent de prévoir bien à l’avance l’heure à laquelle on compte traverser les deux rivières côtières du parcours. Il n’est pas rare de croiser en chemin, ou près des emplacements de camping rustique, des spécimens de l’abondante faune du Nouveau-Brunswick: orignaux, renards, castors et oiseaux migrateurs par milliers, au printemps et en automne. Les amateurs de feux de camp seront cependant déçus par l’interdiction d’en allumer tout le long du sentier. Il leur faudra donc prévoir plus de bouteilles de carburant pour le réchaud...
Distance et durée : 41 km ; de trois à quatre jours.
Type de randonneurs : débutants ou intermédiaires.
Infos : fundytrailparkway.com
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