Via ferrata d’hiver : au fil des parois… et du froid
Au canyon Sainte-Anne, la via ferrata n’est plus l’apanage des seuls pleinairistes d’été : désormais, les trois « parcours ferrés » de ce site sont accessibles tout l’hiver durant. Et ils sont totalement exaltants.
– Vas-y Fiston, attrape-la, t’es capable
Du haut de ses 12 hivers et fort de ses 50 kilos, Fiston est assurément de taille pour transiter d’une étape à l’autre, sur la via ferrata de la Gorge. Mais certains passages demeurent limites, comme celui où il faut s’étirer le bras au maximum pour saisir avec ses gants une lanière de cuir pendouillant au bas d’un échelon.
– Lâche pas, on est presque rendu au sommet!
Auparavant, Fiston a dû marcher sur des poutres glacées, traverser frileusement un long pont de singe, se contenter de quelques centimètres d’anfractuosités pour agripper ses orteils enfoncés dans ses bottes, puis se farcir un passage corsé, la tête légèrement à la renverse, où il a travaillé ferme des bras pour combattre la gravité.
En l’espèce, la gravité l’attirait vers l’écume et les bouillons de la turbide rivière Sainte-Anne, à 10 mètres en contrebas, dans le canyon du même nom. Un canyon plus que jamais ravissant, molletonné de neige et orné de gros pains de glace, en ce doux et neigeux après-midi de janvier.
Déjà renversant de beauté durant la belle saison, le canyon Sainte-Anne arbore une allure fantasmagorique, l’hiver venu. Depuis décembre, les trois splendides parcours de via ferrata qui s’y déploient permettent d’en juger de visu, et ce tout au long de la saison froide. Une expérience totalement singulière, à des lieues de celle qu’on peut vivre l’été, il va sans dire.
« L’hiver passé, un seul parcours était ouvert à l’essai, mais il fallait marcher une heure pour y accéder », explique Sébastien Fortier, proprio de Projet vertical, l’entreprise qui exploite les via ferrata et la tyrolienne du canyon Sainte-Anne. Cette année, une petite chenillette nous emmène au point de départ en à peine 10 minutes.
Si la via ferrata des Marmites est à la portée du premier pleinairiste venu – « Wooaah, trop cool ce parcours! », dixit Fiston le néophyte –, il n’en va pas de même de celle de la Gorge, où il a eu du fil (de fer) à retordre. Surtout en finale : pas moins de 35 mètres d’escalade verticale doivent être complétés à la force du bras, en empruntant échelons, queues de cochon (ou broches ouvertes) et barreaux de fer, tous bien enfoncés dans la falaise.
« Vous êtes pas mal bon, groupe! », lance fièrement Sébastien, en voyant la vitesse de progression de ses invités, ce jour-là. « Une fois sur deux, on doit cependant sortir les cordes et les poulies pour aider les gens sur ce passage; ça les soulage de 100 à 150 lbs de leur poids », confiera-t-il plus tard. À supposer que d’aucuns n’y arriveraient pas, il reste toujours plusieurs points de sortie, tout au long du parcours.
Formé d’une douzaine de personnes (dont deux dames pas spécialement en forme, mais qui ont complété le parcours de la Grande virée comme tout le monde), notre groupe comptait aussi quatre ados qui ont pris les devants et leurs distances dès le début, après avoir démarré sur les chapeaux de roue.
« Avec notre ligne de vie en continu, je peux les laisser aller sans crainte : je sais qu’ils ne pourront en aucun cas détacher leur mousqueton avant la fin du parcours », dit Sébastien, confiant. Grâce à un dispositif spécial, les mousquetons de sécurité de Projet vertical sont en effet impossibles à retirer de cette ligne de vie (le câble de fer auquel est rattaché le harnais de protection). « Sans compter que par grand froid, ils sont plus faciles à manipuler et gèlent moins les mains que les mousquetons traditionnels ».
Voilà qui est bon à savoir, surtout pour qui envisage d’emprunter la troisième via ferrata, celle de la Chute, de nature à donner des sueurs froides aux novices. « Aujourd’hui, elle n’est pas ouverte, car nous n’avons pas eu le temps de nous assurer que le parcours était impeccable, dit Sébastien. Mais sois sûr qu’elle est au moins deux fois plus difficile ! ».
Message reçu, et il va falloir revenir s’en assurer. Mais peut-être l’été, dans un premier temps…
Pratico-pratique
Canyon Sainte-Anne, 206, Route 138 Est, Beaupré (environ 30 minutes à l’est de Québec)
projetvertical.com ou (418) 997-8368
Trois forfaits disponibles :
- Les Marmites (débutants, 8 ans et +, 2 h 30) : via ferrata des Marmites, tyrolienne
- Grande virée (intermédiaire, 10 ans et +, 3 h) : via ferrata des Marmites et de la Gorge, tyrolienne
- La Chute (avancé, 14 ans et +, 4 h) : via ferrata des Marmites, de la Gorge et de la Chute, tyrolienne
À apporter avec soi : bottes de marche, gants ou mitaines doublées, hot shots, vêtements adaptés (coquille et multicouches de préférence), collation, bouteille d’eau et sac à dos. Prière d’aviser la réception si le participant pèse moins de 100 lbs (45 kg) ou plus de 220 lbs (100 kg).
Un petit refuge chauffé et une toilette sèche sont disponibles sur place.