Famille active : En avant, marche !
Les enfants aiment quand ça bouge! Alors pour eux, marcher des heures pour contempler la nature, bof... Cela ne veut toutefois pas dire que la randonnée pédestre manque d’attrait pour eux. Des parents randonneurs partagent leurs conseils pour des escapades familiales plaisantes pour tous.
Nature et aventure
Une recette gagnante pour capter l’intérêt des enfants! C’est le décalage entre la perception de ce qu’est la nature et de ce qu’est l’aventure pour un enfant et pour un parent qui occasionne parfois quelques frustrations. Alors que les adultes ont soif de sommets et de vues grandioses, les enfants préfèrent « ramasser des cocottes ». La nature est à leurs pieds, et l’aventure se passe un pas à la fois.« Les enfants adorent découvrir. Les animaux, les feuilles, les roches, etc. Souvent, les parents aiment la randonnée, mais n’ont pas développé ce côté naturiste. Et c’est pourtant ça qui intéresse les enfants! explique Mathieu Hébert, père de deux enfants (de 9 ans et 3 ans), cofondateur de l’école de survie les « Primitifs » et animateur des ateliers « Petits Primitifs » pour les enfants. Ce n’est pas grave de ne pas avoir toutes les réponses, l’important c’est de respecter la curiosité des enfants, et de la stimuler! On trouve les réponses qui manquent ensemble, au retour à la maison, tout simplement. »
Regarder la nature à ses pieds et prendre le temps de l’observer fait en sorte que le rythme de marche vers la destination est naturellement ralenti. « On devrait se fixer comme objectif de simplement passer du temps en nature avec les enfants et de prendre notre temps en suivant leur rythme », continue l’amoureux de la nature.
Il faut aussi habituer ses enfants aux éléments qui viennent avec la nature : « Si un enfant n’a jamais joué dehors sous la pluie, par exemple, le faire marcher pendant des heures par temps pluvieux risque d’être pénible. Les enfants doivent s’acclimater graduellement aux éléments (la météo, les insectes, la noirceur, etc.) et à l’inconfort », suggère Mathieu Hébert.
Choisir le bon sentier
Les attraits d’un sentier varient en fonction des générations. Comme adulte, on recherche la nouveauté et un point de vue à couper de souffle. Les enfants adorent plutôt refaire les mêmes sentiers, puisqu’ils aiment anticiper les prochaines découvertes qu’ils feront. D’autres astuces selon les parents que nous avons consultés :
- Les animaux : Alex (3 ans) cherche des Bambi pendant les randonnées. Sa mère, Josée, prévient que c’est beaucoup plus facile aux Îles-de-Boucherville. Pour Charles (3 ans et demi), les animaux constituent aussi un élément motivateur. Il aime par exemple randonner au Diable Vert, parce qu’on y voit d’abord des vaches. Toutes les randonnées ne donnent pas la chance de croiser des animaux, mais toutes permettent au moins de repérer certaines de leurs traces! Une bonne raison de s’intéresser au pistage, selon Mathieu Hébert.
- L’eau (ruisseaux, lac, chute, etc.) : Chloé (6 ans) adore croiser des ruisseaux. La nature en action! Charles aime lancer des cailloux dans l’eau.
- Les sentiers techniques : On pourrait penser qu’il est préférable de choisir un sentier facile bien travaillé pour les enfants. Or, ceux-ci ont tendance à trouver ça « plate »! Tous les parents ont remarqué la même chose : les enfants aiment sauter de rocher en rocher et « trouver leur chemin ».
- Les refuges : Les petites maisons dans le bois. « La maison de Blanche-Neige », celle de Boucle d’Or, etc. À chaque enfant son histoire!
La randonnée avec bambins de 0 à 3 ans
La recette magique : le porte-bébé! « Jusqu’à ce que l’enfant marche, c’est le porte-bébé, et ça va bien! Après, c’est plus laborieux! » rigole Josée Coupale, la mère de Laurie (4 ans et demi) et Alex. « Entre un an et deux ans, on alterne entre la marche à leur rythme et le sac à dos », continue Josée.
Cécile Grunenwald, mère de Charles, insiste sur la sélection d’un bon porte-bébé : « Il faut le magasiner et choisir quelque chose de confortable, qu’on ajuste sur les hanches. Ça vaut la peine d’y mettre le prix! Un porte-bébé avec un pare-soleil, c’est l’idéal. » Il faut aussi tenir compte de l’heure de la sieste. « Sinon, on peut avoir un bébé plus chigneux… et une randonnée moins agréable », résume Josée.
Autre truc de la mère de deux enfants : apporter suffisamment de couches! « Avec le sac à dos, on doit changer les couches plus régulièrement parce que la pression exercée par le harnais sur la couche peut entrainer des fuites », explique-t-elle.
La randonnée avec jeunes enfants de 3 à 5 ans
Les histoires ont la cote à cet âge-là! « On peut développer une histoire tout au long de la randonnée en se servant de chaque point de repère! On choisit un univers que l’enfant aime, par exemple celui d’Harry Potter, et on croise des arbres magiques, des roches magiques, etc. On peut aussi inventer des légendes! » conseille Mathieu Hébert.
Si l’on ne voit pas d’animaux, on peut quand même en parler : « On fait la marche des animaux : on marche jusqu’au gros arbre comme un éléphant, puis jusqu’à la roche comme une souris, et ainsi de suite », dit Josée Coupale.
La présence d’un ami peut aussi motiver un enfant en instaurant un climat de saine compétitivité. « Ma fille Chloé et son amie, toutes deux alors âgées de 4 ans et demi, s’encourageaient et se challengeaient », raconte Geneviève Bernier. Les enfants s’inventent des histoires ensemble et se partagent leurs découvertes. Déjà, le matériel et les gadgets sont une source de motivation pour certains enfants. Comme Chloé s’intéressait déjà à l’aspect technique de la randonnée, elle a adoré son bâton de marche LEKI qu’elle a pu décorer à son goût, avec des autocollants de chats : « Ça l’a motivée pendant les randonnées! Elle était fière », s’exclame sa maman.
Truc bien connu des parents : les récompenses. Mathieu Hébert relate en riant la fois que sa fille d’alors trois ans et demi a marché 5 kilomètres sous la pluie pour une guimauve. Il met toutefois les parents en garde : « L’enfant va vieillir et, rapidement, il va comprendre qu’il ne fait pas une bonne affaire! Il faut présenter les récompenses autrement : on va faire (ou manger) ça quand on va arriver, plutôt qu’on va faire ça, et tu auras ça. » Geneviève Bernier a trouvé la recette magique pour sa fille de maintenant 6 ans : « Un jujube par kilomètre! Un jujube au kilomètre 1, deux jujubes au kilomètre 2, trois au kilomètre 3, etc. Ma fille s’intéresse maintenant au kilométrage, recherche les pancartes, et on prend des jujubes au jus de fruits qui lui donnent de l’énergie pendant la randonnée. »
Les baisses d’énergie, justement, de même que la déshydratation, sont parfois à blâmer pour les chutes de motivation des enfants : « Des fois, un enfant devient chigneux et on pense qu’il n’aime pas cela, alors qu’il manque d’énergie et aurait besoin d’une petite collation », dit Mathieu Hébert.
Le pique-nique au sommet ou au bout de la randonnée est un incontournable pour tous les parents et leurs enfants. C’est la récompense pour tous! Et pendant que les parents admirent la nature, les enfants jouent autour. Chacun y trouve son compte.
La randonnée avec des enfants de 6 à 10 ans
À cet âge, les enfants comprennent mieux le défi sportif relié à la randonnée, et ils apprécient la reconnaissance. Chloé (6 ans) observe maintenant les points de vue, et elle saisit mieux son accomplissement : « Elle adore aussi croiser d’autres randonneurs, et elle est fière quand elle reçoit des compliments », affirme Geneviève, sa mère. Comme parents, on peut donc insister sur les félicitations et bien expliquer à son enfant le défi sportif qui l’attend.
Tous les autres défis sont généralement bien reçus! « Je dis à ma fille de ramasser les feuilles de telle couleur. Ou de trouver des champignons et de les prendre en photos. Des champignons de sorcière, naturellement! » donne en exemple Josée Coupale.
Comme ils adorent découvrir, les enfants aiment bien mener la randonnée. Et puisque de toute façon il faut suivre leur rythme, aussi bien les laisser en avant. Si l’on a plusieurs enfants, on peut « faire le train » : le chauffeur varie à chaque kilomètre, pour que tous se partagent le plaisir d’ouvrir la marche. « Si l’on a un enfant plus jeune, on donne au plus vieux des missions pour l’occuper tandis qu’on respecte le rythme de marche de son petit frère ou de sa petite sœur : ramasser des cailloux, identifier telle plante, les inviter à chercher des pistes, etc. », suggère Mathieu Hébert. Chaque enfant est différent, mais le plaisir demeure le facteur de motivation par excellence pour tous.