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  • © Grand prix cycliste de Charlevoix

Charlevoix à vélo : les petites Alpes du Québec

En quête de dénivelés cyclistes, notre journaliste est allé tester sa résistance physique dans les côtes de Charlevoix. Après avoir mouliné 200 km en trois jours, il a pu vérifier un grand principe du vélo : plaisir et souffrance vont souvent de pair.

Prendre son vélo et aller rouler dans Charlevoix, c’est se lancer tout un défi, tant la région compte quelques beaux spécimens de montées parmi les plus pentues et les plus exigeantes du Québec. L’été dernier, elles m’ont fait perdre le souffle (et même un peu de poids) plus d’une fois. C’est simple, dès que la route s’élève (ce qui est souvent le cas), on atteint facilement un dénivelé de 10 à 12 %. J’y ai sué de nombreuses gouttes, mais quel plaisir!

Saint-Urbain et la campagne autour de Baie-Saint-Paul © Antoine Stab

La double montée du rang Saint-François — la route 381 reliant Saint-Urbain au parc national des Grands-Jardins — m’a particulièrement scié les jambes : j’ai littéralement frappé un mur d’asphalte de 2 km, une pente moyenne de 7 % et des passages à plus de 20 %. Avec un soleil de plomb qui me tapait dessus à coups de 35 °C , j’avais l’impression d’être une côte de bœuf passée sur le gril.

La journée et mon périple cycliste avaient pourtant mieux commencé. Quelques heures plus tôt, au départ de Baie-Saint-Paul, je filais vers le nord sur le chemin Saint-Laurent, remontant la rivière du Gouffre, porté par un vent arrière venu du fleuve. Peu avant Saint-Urbain, j’avais le sourire aux lèvres, et pas seulement à cause du décor : aux côtés des bâtiments jaunes d’une ferme, on peut lire sur un panneau la formule suivante : « Manger des légumes, c’est comme faire l’amour, c’est bon souvent! » Joli mantra.

J’ai un peu moins rigolé quand j’ai tenté tant bien que mal de rallier le Centre de services du parc national des Grands-Jardins, situé au pied du mont du Lac-des-Cygnes, mais établi après un autre raidillon à vous couper le souffle. Oh! qu’elle fut bonne et rafraîchissante, ma bière triple extra-forte Dominus Vobiscum de la MicroBrasserie Charlevoix, devant ma tente Huttopia!

Bière de la de la MicroBrasserie Charlevoix © Antoine Stab

D’autres côtes sont aussi redoutables dans la région. Dans les faubourgs de La Malbaie, le chemin des Loisirs mène vers Grand-Fonds et la station de ski du même nom. Pour arriver au pied des pistes, rien de plus simple, c’est tout droit… mais avec évidemment une belle montée d’environ 12 km, les plus forts pourcentages étant concentrés sur les quatre premiers kilomètres.

Sur mon vélo, je me suis arraché comme jamais, inquiet de voir planer au-dessus de moi un nuage noir, présage d’une averse. Ça n’a pas manqué. À peine arrivé au village, des trombes d’eau se sont abattues. Une chance que j’ai rapidement trouvé un abri; je n’aurais pas aimé faire de l’aquabiking sur une telle montée!

La côte de la Misère, aussi connue sous le nom de côte à Godin, à Saint-Joseph-de-la-Rive, est certainement la pire de toutes. Sur ses 2,2 km, elle porte très bien son nom, avec sa pente moyenne (13 %) qui a de quoi faire peur, même aux plus braves. Courte (heureusement, d’ailleurs), elle va vous faire suer toute l’eau de votre corps avec des passages à 25 %. De 15 à 30 minutes de pure souffrance… mais un réel sentiment d’accomplissement une fois au sommet.

Avec une telle concentration de côtes, pas étonnant que la région de Charlevoix ait créé une route touristique baptisée la route des Montagnes. Longue de 151 km, elle relie dans l’arrière-pays les villages de Saint-Urbain, Saint-Hilarion, Notre-Dame-des-Monts et Saint-Aimé-des-Lacs, ainsi que les parcs nationaux des Grands-Jardins et des Hautes-Gorges-de-la-Rivière-Malbaie — deux splendides terrains de jeu.

la route des Montagnes © Tourisme Charlevoix

Des côtes, du dénivelé… mais pas que !

Entre Saint-Urbain et Notre-Dame-des-Monts, sur le rang Saint-Jean-Baptiste, la route se fait toutefois plus conciliante, avec des montées moins raides, une campagne verdoyante plus assagie et apaisée, où se trouve notamment la fameuse maison de Rose-Anna, du téléroman Le temps d’une paix.

Quelques kilomètres plus loin, à Notre-Dame-des-Monts, les montagnes nous racontent une autre histoire, bien plus ancienne. Dans le village, on voit que la cime des collines dessine la forme d’une femme couchée sur le dos, le ventre gonflé, les cheveux flottants sur l’eau : c’est la montagne de la Noyée. La légende veut qu’une jeune Amérindienne enceinte se soit ici donné la mort en se noyant, car le chef de la tribu refusait qu’elle épouse son fils.

la montagne La Noyée depuis le village de Notre-Dame-des-Monts © Antoine Stab

Pour ceux qui voudraient fuir les montées à tout prix, l’Isle-aux-Coudres fait figure de havre de paix insulaire. La route de 26 km ceinturant l’Île offre de nombreux points de vue sur le fleuve et la rive. C’est aussi un très bon prétexte pour faire du « cyclogourmandisme » en goûtant au cidre et aux pommes de l’Île. Des attraits gustatifs que l’on retrouve aussi sur le « continent » charlevoisien, une région qui a développé des produits du terroir particulièrement intéressants.

De nombreuses et savoureuses découvertes gourmandes ont ainsi jalonné mon parcours cycliste, comme autant de récompenses après (ou même pendant!) l’effort. Pas seulement les bières de la MicroBrasserie Charlevoix, mais également les canards de la Ferme Basque à Saint-Urbain, les terrines et pâtés de la Ferme Caprivoix à Saint-Hilarion, les pleurotes de Champignons Charlevoix, sans oublier les savons à la lavande bio d’Azulée, à Baie-Saint-Paul, quand venait le temps de passer sous la douche.

« Charlevoix, charme-moi », assure la réclame de la région. Comme cycliste, charmé, je l’ai été… et ça devrait certainement être le cas de quiconque relèvera, comme moi, le défi des côtes de cette splendide région.


Le train de Charlevoix

Le train de Charlevoix en automne © Caroline Perron

Si vous ne possédez pas de voiture, une bonne façon de vous déplacer dans la région est de prendre le train de Charlevoix. Il relie Québec (chute Montmorency) à La Malbaie dans les deux sens, en s’arrêtant à Sainte-Anne-de-Beaupré, Petite-Rivière-Saint-François, Baie-Saint-Paul, Les Éboulements et Saint-Irénée. Les vélos sont acceptés à bord pour des frais additionnels de 10 $ aller-retour par tronçon.

La voie de chemin de fer longe le Saint-Laurent sur 125 km, passant par des endroits inaccessibles au pied des falaises, et la vue sur le fleuve est imprenable. Le parcours ferroviaire est une immersion hors du temps, loin de tout, mais au plus près de l’eau.

Le personnel de bord est aussi là pour vous raconter l’histoire des lieux, vous montrer les points de vue et sa faune, au cas où vous profiteriez de cette balade ferroviaire pour piquer un petit somme. Un journal, La Gazette du Train, est aussi disponible pour avoir des informations sur les paysages et les villages traversés.

Le train n’est exploité qu’entre juin et fin octobre, et seulement du mercredi au dimanche (du 23 août au 1er octobre), puis du vendredi au lundi (du 6 au 9 octobre, pour l’Action de grâce), et enfin du vendredi au dimanche (du 13 au 22 octobre).

Infos et réservationtraindecharlevoix.com



La route des Montagnes

Itinéraire assez tranquille et peu achalandé, la route des Montagnes de Charlevoix s’étire sur 151 km, et on peut y rouler aisément sans craindre à tout bout de champ de se faire happer par un dix-roues. Petit hic : elle se termine assez abruptement après Saint-Aimé-des-Lacs, où il faut alors emprunter la très fréquentée route 138 pour rejoindre La Malbaie. On peut toutefois éviter cette dernière en optant pour le rang Saint-Charles.

Ce reportage a été réalisé grâce à Tourisme Charlevoix et le Train de Charlevoix.

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