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  • Section en poussière de pierre du P'tit Train du Nord © Tourisme Laurentides

48 heures à vélo sur le P’tit Train du Nord

Le parc linéaire « Le P’tit Train du Nord » est un classique cycliste du Québec, emprunté par de nombreux promeneurs. Accessible à tous, cette ancienne voie ferrée, qui relie Bois-des-Filion à Mont-Laurier sur 232 km, peut toutefois s’avérer un beau défi pour des sportifs en quête de bornes à avaler: il suffit de le rouler en deux jours. C’est ce qu’a fait notre journaliste... dans sa quasi-totalité!

Mont-Laurier, un samedi matin du mois d’aout, 10 h 40. Je commence à pédaler sur une chaussée encore légèrement humide. Comme toujours en début de sortie cycliste, j’ai le cœur vaillant, les jambes pleines d’énergie et le sourire aux lèvres. Même si les prévisions météorologiques annoncent de la pluie et peut-être des orages, la journée s’annonce bonne avec 120 km à rouler jusqu’à Mont-Tremblant.

Rapidement, les promesses du début se confirment. Je suis seul sur la piste cyclable, en pleine nature, à déambuler entre forêts, étangs et sous-bois. Une biche traverse la piste cinquante mètres devant moi, m’aperçoit et disparait aussi vite qu’elle est apparue. Le P’tit Train du Nord a décidé de me gâter !

rivière Rouge © Antoine Stab

Quelques minutes plus tôt, le chauffeur du bus qui m’avait conduit jusqu’à Mont-Laurier m'avait cependant mis en garde : il est possible de rencontrer des animaux sauvages en chemin, le plus dangereux étant… le dindon sauvage ! Un mâle aurait en effet récemment attaqué une cycliste imprudente qui s’était trop approchée de ses petits.

Moyennement effrayé par la possibilité de rencontrer cette « terreur des Laurentides », je continue de rouler. J’avance rapidement, j’avale les kilomètres dans cet univers forestier, longeant la rivière Rouge, traversant de charmants villages.


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L’itinéraire n’est pourtant pas si facile, car le P’tit Train du Nord n’est pas aussi plat que l’on veut bien l’imaginer. Plusieurs longs faux plats montants jalonnent le parcours, avec un (léger) dénivelé de 3 ou 4 %, notamment entre Val-Barrette et Lac-Saguay, ou encore entre Tremblant et Saint-Faustin-Lac-Carré. Dans l’autre sens (direction nord, entre Saint-Jérôme et Mont-Laurier), c’est même plus difficile. La section entre Saint-Jérôme et Mont-Tremblant forme une montée de 70 km, longue mais peu pentue.

En somme, rien d’infranchissable, mais conjugué avec la distance et une vitesse soutenue, le parcours peut, à la longue, faire mal aux jambes. Surtout si la météo vient jouer les trouble-fêtes. Peu avant Mont-Tremblant, à 10 kilomètres de mon hébergement, une grosse averse est venue emporter mes dernières réserves d’énergie.

Le lendemain, entre Mont-Tremblant et Saint-Jérôme (80 km), ma journée s'est déroulée sur de la poussière de roche, à slalomer entre les montagnes des Laurentides, autour de Val-David et de Val-Morin, avec toujours dans un coin de ma tête ce léger stress de crever quand on a un vélo de route avec des pneus aussi fins qu’une feuille de papier (il n’en fut rien !). Un gravel bike ou un vélo hybride aurait été plus adéquat pour ce type de parcours.

La longue descente vers Saint-Jérôme fut un retour progressif vers l’urbanité, après une journée quasi seul dans les boisés des Hautes-Laurentides. Plus j’avançais, plus je croisais du monde. Tout le Québec cycliste condensé sur un seul chemin : des vélophiles en forme sur des vélos de performance, des petites familles en balade, des jeunes en BMX, des couples sexagénaires avec leur panier rempli de provisions achetées au marché, des vélos de triathlon, des fatbikes, des vélos horizontaux… et même des quadriporteurs électriques !

L’arrivée à Saint-Jérôme est un soulagement pour les jambes, mais aussi pour la tête. Depuis mon départ de Mont-Laurier, je croise tous les kilomètres des bornes m’indiquant la distance qui me sépare de Saint-Jérôme. Un décompte décroissant parfois difficile à gérer à mesure que les forces diminuent, comme une petite voix qui vous répèterait inlassablement qu’il vous reste encore beaucoup de chemin avant l’arrivée.

Ce décompte kilométrique se termine par un énorme zéro rouge orangé, en forme d’arche d’arrivée, posée au milieu d’une place du vieux Saint-Jérôme. Mais, contrairement à une épreuve cycliste, pas de fans pour vous féliciter, pas de podium ni de médailles. Seulement le plaisir simple d’avoir roulé le P’tit Train du Nord !

Saint-Jérôme © Antoine Stab

Services sur place

Pour ceux qui voudraient avaler encore plus de bornes, la section sud du P'tit Train du Nord relie Saint-Jérôme à Bois-des-Filion, soit 32 km sur de l'asphalte.

Au fil du parcours, de nombreuses gares historiques ont été restaurées et font aujourd’hui office de haltes touristiques. Idéal pour se ravitailler en eau, s'offrir une collation ou même déguster un petit plaisir gourmand.

Autobus Le Petit Train du Nord offre un service de transport de vélos et de cyclistes sur plusieurs municipalités, entre Saint-Jérôme et Mont-Laurier. On peut aussi faire transporter son bagage d’auberge en auberge pour rouler plus léger.
autobuslepetittraindunord.com 

Tout au long de l’itinéraire, de nombreux hébergements sont certifiés « Bienvenue cyclistes !», avec un emplacement fermé et verrouillé pour y entreposer les vélos pendant la nuit.

 Infos : laurentides.com/parclineaire

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