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  • SUP sur la Côte-Nord © Sébastien Larose

Du SUP au milieu des bélugas

Bateau de croisière ? Zodiac ? Kayak ? Non. En fait, c’est avec une minimaliste planche à pagaie que je me suis aventurée sur le fleuve Saint-Laurent à la rencontre des bélugas, l’an dernier, sur la Côte-Nord. Et j’en ai presque trop vu. Récit.

Ce jour-là, aux Bergeronnes, je suis sortie de ma tente vers 5 h 30 et je me suis instinctivement dirigée vers la rive, tandis que le soleil commençait tout juste à se lever. La vue était à couper le souffle, et je me suis félicitée de m’être extirpée de si tôt matin des bras de Morphée, pour pouvoir vivre ce moment.

J’étais d’autant plus motivée que, pour ma première sortie en planche à pagaie, j’étais en fort bonne compagnie : Marie-eve Bertrand, fondatrice des écoles de SUP POP Spirit, et son amoureux, Julien Nantais, concepteur des planches UNDA SUP, seraient mes guides.

Après avoir préparé un peu de café, nous enfilons nos wet suits. J’attrape la « grosse Bertha », une planche massive en chêne du Québec (l’une des premières créées par Julien), et nous descendons vers le fleuve.

Une fois dans l’eau, en m’agenouillant sur la planche, je constate que je suis entourée de rochers : je me demande s’il n’est pas un peu fou de me lancer dans pareille aventure. Je pense à ma mère, qui m’a dit, inquiète, avant mon départ : « Mais tu n’en fais même pas, de ce sport-là! »

Finalement, je me dresse en regardant loin devant. Debout sur la planche, le sentiment de liberté est total. Moi qui n’aime généralement pas être assise dans la vie, je constate rapidement que le SUP est davantage fait pour moi que l’est le kayak. J’ai l’impression de marcher sur l’eau et, malgré la houle, je me sens stable, et mes coups de pagaie sont efficaces.

Déjà émerveillée par le fleuve qui brille sous le soleil levant, je sursaute bientôt lorsque deux petits marsouins surgissent hors de l’eau. « Calme-toi, sinon tu vas tomber lorsque tu verras des baleines! » me dit Julien. Il précise que les mammifères marins les plus curieux sont les bélugas. « Ils adorent les planches! »

Quelques minutes plus tard, ceux-ci commencent en effet à s’approcher tranquillement de nous, dont une maman et son bébé. Figée, je cesse de pagayer. Je dérive tranquillement, puis d’autres bélugas arrivent. Je me retrouve alors entourée de petites baleines blanches. 


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J’entends Julien au loin me dire de revenir. Je me dis que je ne peux pas pagayer à travers les bélugas : j’en vois même un passer sous ma planche. Je sens tous les organes de mon ventre remonter vers ma poitrine. Je suis légèrement inquiète : ce n’est pas tous les jours qu’on se retrouve en planche au-dessus de ces jolies créatures, surtout quand on sait que leur espèce est en voie de disparition. Mais s’il est interdit de les approcher à moins de 400 mètres, eux font bien ce qu’ils veulent…

Le moment est tout de même merveilleux, irréel : je me sens si minuscule, aux prises avec les forces de la nature. J’ai pratiquement perdu le contact avec la réalité. Julien a changé de ton : il me dit fermement de revenir immédiatement. Il s’inquiète réellement de me voir dériver. Je regarde vers le camping et, effectivement, je suis rendue loin. Très loin même.

C’est le danger du SUP sur le fleuve, particulièrement avec la gent féminine, souvent hypnotisée par les baleines, a constaté au fil des ans Julien, qui est aussi formateur de SUP pour Paddle Canada.

Petite saucette sur le chemin du retour

Regagner la rive n’est pas de tout repos. Mes coudes, qui résistent au courant en pagayant, ont particulièrement hâte de pouvoir se reposer. Évidemment, c’est à ce moment que le vent choisit de se lever.

Puis, alors que je suis presque rendue à destination, ce qui devait arriver arriva : deux petits marsouins surgissent de l’eau entre moi et Marie-eve. Prise par surprise, je tombe à l’eau. L’expérience n’aurait pas été totale, autrement! Cette saucette m’a permis de constater que l’eau est salée, que le wetsuit est très efficace pour nous garder au chaud et que remonter sur la planche se fait en un tournemain.

Je rentre finalement à bon port, fourbue, mais bourrée d’adrénaline. Toute la journée, je flotterai sur mon petit nuage… Le lendemain, je ne peux m’empêcher d’y retourner, encore plus tôt pour vivre le lever du soleil sur l’eau. Mes hôtes m’ont rendue accro! 


Attention, risqué!

Vous avez déjà fait du SUP sur un lac, au chalet de votre beau-frère? Ne vous précipitez pas sur le fleuve sans avoir pris un minimum de précautions.

D’abord, l’eau est froide. Très froide. Aux Bergeronnes, elle frise les 4 °C, et la combinaison thermique (wet suit) est essentielle, au moins une 4/3 (4 mm d’épaisseur sur le corps, 3 aux articulations).

Puis, vous devrez apprendre à naviguer sur les applis de météo avant de prendre le large. Julien Nantais conseille d’éviter de s’aventurer sur le fleuve si le vent souffle à 20 km/h et plus. Il faut aussi regarder sa direction : « On part contre le vent et on revient avec, pour s’assurer de ne pas se brûler, conseille-t-il. Il faut aussi savoir que le vent peut virer de bord rapidement. Debout sur un SUP, on est extrêmement exposé aux variations des conditions météorologiques. »

« Le fleuve, c’est un environnement hostile », ajoute Marie-eve Bertrand, l’une des pionnières du SUP au Québec. Idéalement, on ne sort pas seul et on avise un ou deux proches de notre itinéraire.

« Dans le pire des cas, une personne seule sur son SUP devrait demeurer près de kayakistes, qui sont toujours nombreux », conclut Julien. 


Info

Location de planches : Camping Paradis marin, campingparadismarin.com

Excursions guidées : Mer et Monde Écotours, meretmonde.ca

Pop Spirit : popspirit.ca

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