La fabrication locale de vêtements de plein air : est-il encore possible de tout confectionner au Québec?
Oui, tant qu’il y aura de la main-d’œuvre locale. Bien que nos tissus viennent de l’extérieur, il est important pour nous de tout confectionner au Québec.
Une partie de notre clientèle achète nos vêtements précisément parce qu’ils sont de fabrication québécoise. Comme nous optons pour la qualité plutôt que la quantité, nous pouvons encore nous passer d’exporter la fabrication de nos produits. Il existe encore une marge de manœuvre pour nous permettre de grandir tout en poursuivant notre mode de production locale, mais il est de plus en plus difficile de trouver de la main-d’œuvre qualifiée pour le faire. La moyenne d’âge des bonnes couturières est autour de 50-60 ans et peu de jeunes se lancent dans ce métier. Il y aura bientôt une pénurie.
On ne sait pas encore comment nous allons réagir, mais un jour nous serons obligés de nous poser sérieusement la question et probablement être forcés de nous tourner vers l’étranger. Cette solution amènerait cependant une perte de qualité globale, voire la disparition d’une classe de nos vêtements « medium high price ». Pour être rentable, une production fabriquée à l’étranger nécessite un certain niveau de production de masse qui passe inévitablement par-dessus certains défauts de fabrication. Il est beaucoup plus facile d’assurer la qualité finale de nos confections ou de carrément changer de patron de coupe lorsque tout se trouve à notre portée.
Si on me donnait le choix, nous resterions au Québec et l’on fabriquerait de petites quantités pour s’assurer de porter une attention particulière à chacun de nos produits. Mais s’il n’y a plus de main-d’œuvre, la décision se prendra d’elle-même.
- Jean Levasseur, directeur général de Valanga
valanga.net
Non, la demande du bas prix…
La politique d’achat chez MEC est claire : prioriser les entreprises canadiennes et tout mettre en place pour faire fabriquer nos produits au pays.
Il n’y a pas si longtemps, la quasi-totalité de notre production de marque MEC était fabriquée localement. Encore aujourd’hui, près de 70 % des vêtements MEC sont fabriqués au pays. Cependant, avec l’ouverture des marchés et l’exode de la production vers les pays où les coûts de production sont moindres, nous avons été contraints de faire appel à des fournisseurs extérieurs, dans 17 pays différents, pour faire fabriquer une partie importante de notre matériel (sacs à dos et autres).
Malgré nos efforts, cette tendance malheureuse se maintiendra tant que la demande de bas prix encouragera la production dans des pays où les coûts sont faibles. Ni notre statut ni notre volume d'achat limité ne sont suffisants pour soutenir adéquatement le secteur manufacturier au pays.
Mais notre engagement envers les fabricants du Canada tient toujours, même si nos gestes ont une portée limitée. À titre d’exemple, MEC envisageait de faire déplacer à l’étranger la production des imperméables fabriqués au Canada, à la suite d’une demande de baisse des coûts de la part de nos membres. Après vérification, nous avons constaté que cette situation risquait d’entraîner la fermeture de l’usine où MEC produisait également deux autres lignes de vêtements. Nous avons donc pris la décision de maintenir la fabrication de ces imperméables au Canada… au moins jusqu’en 2009.
- Marc Blais, directeur des communications françaises et développement d’affaires de Mountain Equipment Coop (MEC)
mec.ca