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  • © Xavier Bonacorsi

Islande : Road trip pour skier loin de tout

Vous avez peur de vous rendre en Islande l’été parce que c’est surfréquenté? Allez y pratiquer le ski de montagne l’hiver et le printemps, vous aurez tout le territoire pour vous tout seul!

Après deux récentes escapades en Islande – l’une en été, l’autre en automne –, j’étais convaincu qu’en hiver, certaines régions de ce pays se transformaient en parfait terrain de jeu pour les adeptes de ski de montagne.

Après quelques discussions avec Stephan, mon partenaire yukonnais de ski, nous avons convenu de nous rencontrer en mars dernier à Reykjavík, de louer une voiture et de partir vers le nord de l’île, à la recherche de montagnes skiables dont l’accès à partir de la route était rapide et simple. C’est dans ce secteur qu’on trouve le plus de neige et le plus grand nombre de sommets de 1000 mètres, ce qui peut sembler peu élevé, mais ici, on peut skier jusqu’à quelques mètres au-dessus du niveau de la mer.

À notre arrivée, nous étions au désespoir : il n’y avait pas un seul flocon de neige au sol. La semaine précédente, le pays entier avait connu cinq jours de pluie diluvienne et des températures dépassant les 10 ˚C. C’est donc passablement débinés que nous avons pris la route vers les fjords de l’Ouest (Westfjords ou Vestfirðir) et la péninsule des Trolls (Tröllaskagi).

En nous rapprochant de notre première destination (Ísafjörður), le sourire est progressivement revenu sur nos visages. À notre arrivée, bien que la région des Westfjords avait précédemment perdu plus d’un mètre et demi de neige durant le récent déluge, le manteau neigeux était toujours très épais et recouvert d’une vingtaine de centimètres d’une toute nouvelle poudreuse.

Avec pas d’plan

Sur place, notre plan était de « ne pas avoir de plan ». Nous analysions les cartes topographiques et corroborions nos choix avec le visuel 3D de Google Earth, afin de choisir les montagnes qui nous apparaissaient les plus plaisantes à skier, mais qui présentaient aussi un accès rapide à partir de la route.

Nos seuls soucis étaient de trouver des endroits où nous stationner ainsi que des itinéraires qui ne dérangeraient personne. Après avoir discuté avec quelques « locaux », nous avons conclu qu’on pouvait, pour ainsi dire, aller où bon nous semble, à condition d’éviter les endroits habités et de ne pas franchir de clôtures. Bref, être respectueux et user de gros bon sens!

© Xavier Bonacorsi

Durant cinq jours dans les Westfjords, nous avons skié dans trois secteurs différents et… nous n’avons rencontré aucun skieur : nous avions pour nous seuls des étendues de montagnes à perte de vue. Les 36 heures de tempête (vents de 80 km/h et grésil cinglant) ainsi que la neige qui fondait presque à vue d’œil nous ont convaincus de plier bagage et de nous diriger vers la péninsule des Trolls. La ville de Dalvík fut choisie comme base à partir de laquelle se ferait la chasse aux pentes.

La première journée, nous sommes allés explorer les montagnes qui jouxtent le centre de ski alpin aux proches abords de la ville. Les cinq journées suivantes nous ont offert trois expériences inoubliables de ski : des accès simples et faciles depuis la route, un soleil radieux et un ciel toujours bleu, ainsi que des températures oscillant entre –1 °C et –8 °C.

Se retrouver (presque) seul au beau milieu d’une étendue de montagnes blanches à perte de vue, en moins de deux heures d’ascension, est sans pareil. L’émerveillement est d’autant plus fort lorsque la pente sur laquelle on glisse se termine là où l’océan débute!

© Xavier Bonacorsi

En Islande, on ne trouve cependant pas de poudreuse légère où l’on s’enfonce jusqu’à la taille, et on ne skie jamais en sous-bois (les montagnes sont entièrement dépourvues d’arbres). On a plutôt droit à une neige aux humeurs et aux textures changeantes, mais les amateurs de douces descentes seront ravis par les nombreux larges flancs skiables, tandis que les plus téméraires seront comblés par d’étroits couloirs de 45 degrés.

Se loger sans coup férir

Les hôtels et les auberges sont présents un peu partout en Islande, et les options Airbnb sont tout aussi omniprésentes. Nous avons cependant opté pour le camping, histoire de se la « couler dure », d’économiser et d’être déjà au pied des montagnes le matin venu.

Un peu comme ailleurs, le camping d’hiver suscite une grande curiosité en Islande, et il est possible d’installer sa tente presque partout – en étant respectueux, il va sans dire. Un jour, nous avons laissé notre tente montée aux abords de la piscine municipale du petit village de Bolungarvík pour y dormir de nouveau une deuxième nuit. Le lendemain matin, nous avons été réveillés par une journaliste du journal local de la ville voisine d’Ísafjörður, qui voulait solliciter une entrevue à ces deux skieurs canadiens venus dormir dehors en plein hiver!

© Xavier Bonacorsi

Si tout ce qui précède dresse un portrait idyllique de l’Islande comme destination de ski de montagne sur le mode autonome, il y a toutefois une ombre au tableau, et elle n’est pas négligeable : le climat islandais. Celui-ci est des plus changeants, si bien qu’on a coutume de dire à ceux qui n’aiment pas le temps qu’il fait d’attendre 5 minutes…

En Islande, les nuages, la pluie et le vent peuvent surgir à tout moment et forcer l’annulation d’une, voire de plusieurs journées de ski. Avec un tel climat difficile et une météo si instable, on comprend que, pour plusieurs skieurs, aller skier en Islande est un non-sens.

Mais on n’y va pas que pour le « beau ski ». On le fait justement pour cette nature imprévisible et sauvage, mais à la fois très accessible, ainsi que pour le sentiment de solitude et les leçons d’humilité et de résilience qu’elle apporte. On y va aussi pour « l’ambiance islandaise » qu’on ressent en côtoyant ce peuple de descendants de Vikings, véritables durs à cuire au cœur tendre. Résister durant des siècles à ce climat tempétueux et à cet isolement insulaire laisse des traces et, au fil des générations, finit par façonner des caractères parfois très particuliers; on n’a qu’à penser à la littérature et au cinéma islandais, souvent sombres, voire assez tordus par moments! Bien entendu, on va aussi en Islande pour les paysages saisissants : la grandeur et l’unicité des espaces sont à couper le souffle.

Je suis littéralement en train d’adopter ce pays, été comme hiver. En avril prochain, on me verra encore monter et descendre ces montagnes enneigées entourées de mer. Et quand le blizzard soufflera trop pour aller skier — car il soufflera, c’est certain —, j’irai faire des longueurs dans une sundlaug, une piscine aux merveilleuses eaux chauffées par les entrailles de la Terre, en regardant le vent faire tourbillonner la neige au-dessus de ma tête!


Islande ou Windland?

En hiver, quand je regarde les bulletins de météo islandaise, je ne m’attarde plus à la température ou à savoir si le ciel sera couvert ou dégagé. Ce qui m’intéresse désormais, c’est la vitesse du vent et sa direction. Celui-ci peut se lever à tout moment et transformer un agréable après-midi de ski légèrement vêtu en une expédition où l’objectif premier est de survivre! En islandais, il y aurait d’ailleurs plus d’une centaine de mots pour désigner les différentes variantes du vent, mais le plus révélateur est rokrassgrat, qui se traduit par « trou-du-cul de vent ». Le site en.vedur.is offre d’excellentes prévisions et informations en temps réel sur la température, le vent, les avalanches et même sur les tremblements de terre!


Pratico-pratique

Pour maximiser ses chances d’avoir droit à du bon ski – et profiter des jours qui s’allongent –, la meilleure période pour se rendre en Islande s’étend de mars à mai.

Avec le transporteur à très bas tarifs WOW Air, un vol aller-retour Montréal-Reykjavík peut coûter aussi peu que 600 $ (incluant un bagage à main, un bagage en soute et un sac de ski).

C’est toutefois la seule dépense abordable en ce pays, où presque tout coûte environ le double – voire davantage – des prix au Québec. Au bar, une bière revient à environ 1500 ISK (17 $), tandis qu’au resto, un repas composé d’un (vulgaire) burger, de frites et d’un Coke peut friser les 3500 ISK (40 $)! La bouffe en épicerie n’échappe pas à cette règle, et mieux vaut donc apporter le maximum de denrées (repas déshydratés, lait en poudre, gruau, céréales, barres énergétiques, gorp, etc.).

Pour louer une voiture en hiver, on peut s’en tirer pour environ 300 $ par semaine.

Pour se rendre aux Westfjords ou à la péninsule des Trolls à partir de Reykjavík, il faut compter de 5 à 6 heures pour franchir 450 kilomètres. La route est excellente, mais… parfois balayée par des vents très violents.

Pour ceux qui préfèrent les activités encadrées, Bergmenn Mountain Guides propose des sorties guidées en ski de montagne, mais aussi de l’escalade de glace, des treks et du ski héliporté.

Info : inspiredbyiceland.com

L’auteur était l’invité de WOW Airlines.

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